... MAIS ELLE PERDURE, LA FOLIE

photographie: mat jacob

samedi 22 juin 2013

ZERO

Nous nous sommes quittés très tard. En haut on voyait déjà la lumière. Une aube renversée. J'ai réuni des gens que je ne connaissais pas la veille. Dans la rue. Je les ai invités à monter pour parler des désastres et des massacres. Des catastrophes fin de siècle. Une expérience avide pour exorciser des terreurs privées. Je laisse entrer de l'air. L'odeur de leurs corps lourds me rend nerveuse. Je devrais planifier à nouveau mon destin. Le taper à la machine et l'envoyer par fax au Père Noël.
"Voilà, c'est ça que je veux, fais le plein aux rennes et apporte-moi mon cadeau en avance, enveloppé de papier précieux."
Je sers du All-Bran et du riz au lait dans un bol pour chien. Je mange avec les mains. De ma main droite toute sale, je compose des n° de téléphone trouvés dans la station de Lancaster Gate. Les chats des voisins crient. Ils crient même quand elle répond. Ils crient même quand je raccroche, une seconde après le allô. C'est triste de se sentir seul et de s'en rendre compte. D'en prende conscience. Vaut mieux cracher. Monter le volume et se démener. Monterlevolumeetsedémener.



DESTROY, Isabella Santacroce, pp.95/96, Al Dante, traduction Margherita Vecciarelli

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