... MAIS ELLE PERDURE, LA FOLIE

photographie: mat jacob

mardi 8 octobre 2024

Rien après l'hier

  Tous tes os sont brisés par ton souffle, vertèbre après vertèbre, pas de relâche dans la course, tant que tu respires, plexus solaire rongé, pas de relâche dans la course contre, diffusant poumons, ça se propage jusqu'aux valves, ça change de place et se transforme, s'intensifie, le sang reflue dans le mauvais sens, tout est pourri, tu pourris de l'intérieur, des phrases te viennent plus clairement que jamais, l'alimentation d'un feu mourant, la sténose, c'est un cent mètres, un marathon, une lutte à poings nus, tu y perds du sang, tu y perds ta conscience, tu affrontes seul, tu n'as pas besoin de leur pitié, de leurs regards embués, de leur compréhension, de leur fausse compassion, de leurs sourires ennuyés, de faire tache dans le bonheur, leurs vies si bien faites, leur excellente santé, cirées comme un parquet, tu n'as pas besoin qu'on en rajoute, tu es plutôt en moins, tu te sens déjà de trop, et la coupe est déjà pleine, tu n'as pas besoin d'eux, de leur politesse, de leurs sourires attristés, de leurs bons conseils, de leurs remords, de leurs explications, de leur tristesse, de leur empathie, de leur chien, de leur chat.


Virginie Lalucq, Liste des pages, p.22, Presses du réel/Al dante

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