... MAIS ELLE PERDURE, LA FOLIE

photographie: mat jacob

mardi 30 avril 2019

Une ombre...

 la voix de l'ombre s'éteint la lune vient à son quart et je me pose en la grille ombragée de feuilles et dans les mille et un détours des branches le dernier quel est-il la nuit aurait donc à faire avec la forêt et les arbres alors la masse s'enfuyait frondaison lente et lourde à l'invisible tronc c'est le miracle de la forêt en marche (sic) qu'il décrivait d'une bouche qui de son propre aveu s'endort sur les mots à peine lus s'effondre sans rémission dans un sommeil de plomb l'ombre est de zinc et de mica et tant végétal que roche pierre mousse sur un perron tout au fond d'un jardin un assemblage de vert et de titane une feuillée dont on ne voit pas les branches et l'arbre est très élevé mystérieux splendide c'est à dire plein de lumière imprévue c'est un naufrage tout coule quelle formule en un mouvement qu'on a pu ni deviner ni rompre un engloutissement la vie ronge la nuit ronge le sombre ronge l'érosion roulant sur tout les mondes connus bien qu'à peine pressentis cette page allait sauter blanc stellaire creusé autour de l'ombre des lignes du texte c'est la nuit une portée la musique la douceur froide des nocturnes note étirée de la lumière qui est une corde sur le portique de l'ombre la nuit balance et tape et croît je me souviens du début un bruissement de vagues et de branches en avancée l'eau coulait silhouette aveugle mais zézeillante dans le noir c'est passé et quand il me parlait j'étais de même embusquée chauffant mes muscles pour la suite la traque la proie la fin désirée de la séquence chute impossible la nuit tombe plus de bruit c'est la ronde de nuit musique inaudible imperceptible mais vibrante vivant l'ombre règne et s'éploie chouette cyclopéenne barrée de bleu c'est une grève robe fluctuante idée de l'océan il y aurait des forêts submergées plus peuplées et plus hautes dit-on que tout ce qu'on connaît la terre regorge de mystères que l'ombre à elle seule ne saurait révéler la nuit tente et tape et déploie charme froid tremble couvert d'écailles brillantes zinc et mica ou bien cuivre érodé par les pluies il fait beau c'est la nuit je ne sais plus ça redevient étrange scène improbable sans doute rêvée en tous cas de plus en plus difficilement convocable langue perdue oubliée de longtemps j'appelle toutes les voix du noir à la citer encore en une comparaison nouvelle qu'on en finisse il n'y a pas de raison pour que cela cesse ça n'aura pas de fin

N.U.I.T Lolita Bouillet pp16/17 Le Manuscrit

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire