... MAIS ELLE PERDURE, LA FOLIE

photographie: mat jacob

vendredi 22 février 2019

pur voyant...

j'ai vu
des galaxies-pieuvres embrassant maintes épaves sismiques
piquées d'étincelles frondeuses
des planètes siamoises vrillant comme de multicolores
toupies
dans leurs jupes ceinturées d'or chamarrant l'infini rieur
de brutes bordées crachant le météore et le chaos
sur la nef du mouvement perpétuel de fixité
le déchaînement des parallaxes au-dessus des puits
d'antimatière
la masse oxygénée des possibles aux confins des systèmes
démultipliés
le reflux des lacs stellaires balbutiant quelques rides
au coeur du silence millénaire
l'équilibre hydrostatique émiettant l'écrasement capturant
l'envol évasif
des chapelets de lunes sur l'autel gazeux des messes
en expansion
et plus loin plus loin
derrière les gerbes d'étoiles
derrière l'obscur et l'éclatant
par-dessus l'incroyable échancrure
de l'aube massive-originelle
cette gigantesque femme
offerte au vert déferlement
d'amour de présence et de vie
que souffle dans sa perte
l'univers depuis tant et tant
d'années-poussière
nue fraîche et radiante
sa chevelure déroulée
serpentait comme le blé en herbe
sous le vent du matin
statique et scintillante
sa main de feu semée
de satellites-joyaux
tenait dans sa paume d'abysses
un crayon de soleil
d'un geste grave et tendre
elle posa l'autre main
sur la Voie Lactée
de sa bouche entrouverte
et brandit son pastel irisé
puis
rien d'autre qu'un froid mutisme
aspirant
la plume évaporée
le griffon disparu
la Titane effacée
(...)

extrait de Poéticide (Quidam éditeur/Les Indociles) pp 84/85 Hans Limon après la merdre...

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