Dans l'enfer des profondeurs, Hubert Lucot, L'attente, 2004, exorde
Tout le monde est toujours dans le coup quelque part, même ici. Les gens regardent et ne voient point. L'imaginaire, las comme un leurre. Le temps dure longtemps. Au moins quelques kilomètres. Pas d'incident limite. Alchimie d'absence, nuit. Liaison satellite énergumène. Seul souvenir d'oubli. Evénement jadis, confusion à l'instant. Mouvement perpétuel à la ligne. Persévérance après l'époque, et avant la frontière. Ou réciproquement. Dans le coup tout le monde, et là tel, quel est cet horizon ?
... je viens de relire ce que j'ai écrit et ça m'a fait peur, mais je ne vais plus rien ajouter en fait d'explication, alors je me contenterai peut-être de dire encore que, tel que c'est dit et écrit, cela contient évidemment tout, donc même les étreintes les plus banales et le plus tendres, même le fait de se tenir la main et de se caresser les cheveux avec la plus grande tendresse et tous les autres faits et gestes accomplis banalement par les amoureux. Ne l'oublie pas, garde-le à l'esprit, pour que cette lettre ne te donne pas l'impression qu'elle reflèterait le besoin de concrétiser quelque émotion neuro-pathologico-sexuelle - même s'il y va aussi de cela, bien entendu, mais pour ainsi dire étrangement sans pathologie, plutôt avec amour. Mais peut-être que tu comprendras tout ça sans commentaire et si tu ne comprends pas, alors ça veut dire que ce n'est que de la merde et il ne sert à rien de le commenter, et je serai obligée de t'expliquer cela quand nous nous verrons pour de vrai, mon chéri.
Pas dans le cul aujourd'hui, pp.90/91, Jana Cerna, La Contre Allée, traduction Barbora Faure
Cuisses lasses abandon sans promesse exil hélas en la solitude de champs magnétiques à nuque que veux-tu ? En crâne tempête une scansion désinence à l'écart ambulation élastique le long de criques illusoires je te vois par-delà barricades. En la chair crépuscule des avalanches pas un ciel d'insolence ni même abîme à contempler à l'instant éternité tu encore là ?
Maintenant silence nuit horizon fuite lignes fumerolles tumulte lame à distance carcasse atroce écorchures éclat au néant après lianes scansion obscurité d'usure mémoire d'abandon violence d'hier en salves suspension défaillance inédite corps indépendance à la fin déchirures ombres de doutes & menace.
Tout oublier demain... Se souvenir hier... Encore dire par-delà convulsions... Limites. Opiacées. De corridor en précipice. Abîmes. Fuites de lignes, légèreté lasse, crasse même. Traces d'espaces amènes... Fard sans feinte. Bruits d'indécision, réticences. Prétérition merdre. Stroboscope pulsion... Virulence à l'apoastre...
Courbure intrinsèque à l'ennui. Espace las d'innocence. Fuir comme suit misère. Expansion d'absence, un univers. Fièvre à la coupole. Existence ténèbres informe plan, cosmos délétère, après la nuit partout même. Affolement diffus comme le fonds. Clandestine en le temps, vagabonde elle aspire...
La terre s'errance en failles mauvaises... Ondes quelques et synchrones, le sol s'afflige. De rhizome(s) en fibrille(s) un espace délire. Vagues d'hier à la frasque courbe. Approche d'abords incertains; mouvance au pas froid. Ces estafilades, des fractures. Point de remords et de repères. Transperce encore fredaines. Par-delà l'ombre machinale, réflexion flasque... Désormais fuite en entrelacs.
Ombre nue à la rive quitte errance solide hantise délitement à l'angle interstice visions inégales version lente hasards laudative ignorance à cette limite de fissures en fuites indistincte souvenance de dos terres brûlantes tes hanches & mes nuits...
Seule la musique Bouaziz/Cartier/Cloup (Costes cover)
disparaître hier saccades atroces cicatrice encore sabotage à l'ennui désordre d'ondes esquisse un mouvement enfer d'ailes tel effondrement circonscrit à l'ultime gangrène céphalées antiennes intimes affres aux confins violence même en l'inconnu qui creuse par-delà portrait las subsiste un univers
Courir à contresens. Vague alarme. Descendre est tomber. Ici non. N'arrêter point encore. A contre-jour, scène. Accroire même en la pénombre. Marche bancale, suite longue. Frôler des mondes hostiles. Passer l'excès en une confusion. Limitation d'allure et d'essence. Précipitations singulières. A l'âme convulsion. Désinvoltes enfin sommes abandon.
(...) Là donc tout ce temps où jamais avant et quelque part qu'il cherchât des yeux nul danger ou espoir selon le cas d'en jamais sortir. Fallait-il donc comme si de rien n'était pousser de l'avant tantôt dans une direction tantôt dans une autre ou au contraire ne plus bouger selon le cas c'est-à-dire selon ce mot perdu lequel s'il s'avérait négatif tel que malheureux ou malvenu par exemple alors évidemment malgré tout l'un et au cas contraire alors évidemment l'autre à savoir ne plus bouger. Tel à titre d'échantillon le vacarme dans son esprit soi-disant jusqu'à plus rien depuis ses tréfonds qu'à peine à peine de loin en loin oh finir. N'importe comment et n'importe où. Temps et peine et soi soi-disant. Oh tout finir.
Soubresauts, excipit, pp 26/28, Samuel Beckett, Editions de Minuit, traduction de l'anglais par l'auteur
Retour de l'Autre par ailleurs et par-delà. Trouble en l'errement. Caresses lasses événement. Pendules & heures vaines entendement. Le temps n'existe point: il se délite. Poussière suite & mensongère. A travers l'ombre trace de nuit. Encore secondes quelques évanescence. Grondement à la fuite. Rien l'hier. Muet l'Autre reste ici.
Rien va tout change Ton plasma mon indifférence Sourdre l'évidence souvenir Faire monter Fragmentaire même Des gestes au soir inconnus Volutes - inélégantes à l'allure Fragile comme l'ailleurs Au flux écorché Sons broyés à la pénombre Altération merdre intestine Fêlure d'élan délires A l'os entendement Ferveur mouvement La nuit après la nuit.
Lèche terre oubliée menace soleil même louve basse murmures d'ailleurs fond de toile heure indéterminée cavalcade lasse à l'agonie mensongère encore quelque trace par ailleurs latitude insane à la nuit voir la route & le vide au sol cicatrices lèvres nues ignorance animale élan incertain couverture latence, qui cesse ainsi.
L'éjaculation n'est pas seulement une question de savoir-faire. Je te caresse, je te branle, je te suce: mon émulation est sans trêve. Je dois sans cesse inventer des poses, des mouvements, des positions. Je n'ai honte de rien, je considère la fellation comme un art de cour. Mes mains sont fiévreuses, indisciplinées. Je te branle comme on fait un moulage, je suis une déclinaison mécanique. Avec mes ongles, je te sculpte, te grave ou te lisse, au prix de gestes inattendus. C'est précisément cette envie qui me permet de faire jouir n'importe quel type, à tout moment.
Extrait de Dans la nuit, il n'y a que la nuit, Mlle Dagoit
Le travail admirable de notre poëtesse et éditrice impeccable est à découvrir ici
Non rien dire est redire écrire est espérer murmure hier à la langue liée par point. En elle-même quelques variations/répulsions quelle onde à cet entendement ? Pierres chaudes en éboulement. Ecarlate à l'iris souvenance. Malaises en série flagrance. Périodes anonymes et lasses. Oublie-toi et même ailleurs, pourtant.
Mon corps s'ennuie en lui, il aimerait en essayer un autre, mais ce n'est pas possible, il n'y a rien à faire, à part accepter, vautré dans son canapé, en attendant mon corps fait rentrer des trucs en lui, des chips au vinaigre, de la fumée, du hip-hop déviant, mais il s'ennuie quand même, alors mon corps se lève, il a envie de sortir, mais il n'y a rien à faire, à part t'appeler, mon corps a besoin de toi, pour sortir de lui, mon corps à envie de sortir de lui, personne ne sait faire ça comme toi, comme ça voilà,
DANS TON CORPS
MON CORPS
SORT DE TON CORPS
Extrait de "Mon corps n'obéit plus" Yoann Thommerel Nous/Disparate p.71
Ce que me fait l'errance. A confusion nocturne. Une arrivée éparse. Une attente inutile. Perte de vie et de vitesse. Encore secondes quelques à l'ennui. Echange au loin, obscure limite. Paroles annihilent. Sérénité limite. Accalmie infrisme. A l'horizon, rien, pas plus qu'à la frontière. Va point. Se perdre. Quel élan ? Un but inultime.
Obnubilante ma capitulée penche pour qu'on la pille. Ayant considéré je la défalque. Elle ineptie imparfaite. Elle dans sa flaque. S'inquiète et je la déguenille. Elle m'inverse dans sa conque. Elle m'héberge en son écluse et m'obscurcit dans son vin. Elle m'avale et je me vide ou redurci la réinvente. Et me rêve naissant. Dans l'aube de sa pâte. Dans l'aile de son épaisseur. Elle tumulte moi magma d'elle montagne moi coulée de le lave. Elle s'invite à boire au cou tranché du cygne - et j'ose -du bout de l'os - aboutir en l'oeil unique du cyclone qu'elle d'elle qui enlève tout le reste. Or - par plein ciel - je plombe. Elle cabre et m'encorde au retard de sa grâce. Elle arme et je rampe. Elle plonge vers le pic. Je vide son cratère. Elle aspire l'aspic. Elle avoue je dévoue - la nuit flambe et tombe sur nos mots. Dur parjure au sol. Reste nous seul - et nous seuls. Sauf l'instant d'abîme: un rien. Dehors l'exténué dégorge. On sue dans cette mer fermée soudain par le critère. Aussi les neiges ont fondu. Sa langue me lave.
Degré Noir (11) extrait de Degré Noir in Une Inquiétude p.270 Flammarion, Cédric Demangeot
Pascal Comelade w/Jack Berrocal Cadillac
Les mémoires d'un ventriloque
un cerveau - qui l'eût cru ? - rencontre un creux. Un quoi ? Un creux. Que fais-tu ? demande le creux. - Je me blottis, répond l'organe - de fait, le cerveau est affalé dans le confort de ses pensées - et toi ? - Moi ? Je ne suis rien, dit le creux. Je suis seulement si tu n'y es pas. Tu me remplis, cela suffit. Je ne suis rien, je ne fais rien, je ne suis pas. - Alors qui parle ? insiste la cervelle. - Je parle seul, répond le trou qu'on voit bouger entre les lèvres. - Et ça donne quoi ? - Quoi, tu crois que ça sonne creux ? murmure la langue à l'attention de son palais. - Tu parles seul en lieu et place du creux comblé que tu reçois. En son nom, tu te parles. Au nom du trou que tu remplaces... Tu parles au creux. Tu parles en creux. Tu parles creux. - Parle pour toi, tête vide ! répond le siège inconfortable de la pensée
(inamovible)
extrait de méca (Le Cadran ligné) p.53 Ana Tot
Je n'attends rien alentours... Je Vaque... J'extime... Je reconnais cette femme sur le sable et sur l'écran à l'école jadis et puis non... Je désespère de continuer... J'avalanche & gangrène... La nuit personne ne vous entendra boire à la bouteille cet armagnac admirable en des rues désertes... Sauf quelque phare indifférent... J'ambivalence zone lasse... Je fuis à cette suite... J'entends pas comprends même... Je sens l'hier comme au lendemain... Après stupeur, des stances crânes... Je tends à vacance... J'ambule particulier...
Je suis habité par les morts: nourri, lavé, soigné par les morts. Les morts à moi sont heureux et placides. Leurs ombres s'écoulent lentement dans ma durée creuse et me bercent de leurs molles rengaines. J'aime écouter en dormant leurs appels sourds-muets. Que pourrais-je pour aider tous ces morts qui m'habitent ? Je leur suis reconnaissant d'avoir choisi mon cercueil ambulant pour demeure. Mais ils se contentent de si peu... Ils sont faits pour donner. En souriant, ils m'offrent leurs vieilles peurs, leurs vieux coeurs, leur vieux sang. Ils pansent mes vieilles plaies. Ils entretiennent mes oublis. Ils me comblent de lacunes. Que ferais-je sans leurs yeux perce-visages, sans leurs bouches perces-paroles?
Le plus sombre, le plus silencieux d'entre mes morts, est mon Mort protège-vie. C'est Lui qui veille, écrit, dessine et peint à ma place. Je lui sers d'escalier, d'atelier, de chevalet, de valet. Son attente imprègne toute ma personne. Son ombre est immense et timide.
Comment contenir tant de morts sans éclater de patience ? Et qu'attendent-ils de moi, eux, qui m'habitent, qui me comblent et me gâtent ?... Mon crépuscule ! Me traverser, me vider de mes lieux !
Propre, balayé par la peur, mort bien portant moi-même, je m'en irai avec eux, loin dans le temps, habiter un poëte impossible à venir.
in La Parole Qui Me Porte, Paul Valet, Table Rase, pp 85/86, Poësie/Gallimard
Pendant qu'un mot ne s'écrit pas d'autres s'allongent par-delà nuit morose phylactères à l'origine évanescence navré d'existence en un point qui ne vient pas lèvres discrètes à la riposte après l'incarnat - horizon - poussière pour poussière un abandon lisière à l'oraison confusion d'évidence, cette tension même.
Iridescence clinique à la nuit vaine quelle inférence limite songe scélérat d'errance en entrave circonscription intime voir l'ailleurs spectrale frontière adverse & subliminale à cette chimie ombre quelque souvenir du Verbe et d'éléments las parmi les épatements à l'aveugle ravissement Iridescence
(...) Je me pends à l'envers, traverse à toute allure la moitié de mon corps en remontant à partir de la tête et m'arrête entre l'entre-jambes et l'entre-fesses où j'entre dans la seconde moitié. Je coule mes mains en présentant les paumes au-dessus dans l'orifice arrière. Je me poste à l'extrémité de mon doigt le plus long à gauche comme à droite et j'observe. Je retire le contenu de mes oreilles pour y placer un maximum de matières que je laisse reposer. Je décolle tout le pourtour du haut des épaules pour y glisser le bas de mon corps et je fais des mouvements. J'abaisse mes genoux jusqu'à mi-mollets. Je tords ou plie soigneusement le bord mou de mon oreille pour obtenir un effet de volume et le rendre plus rond, plus charnu, plus malléable. J'obtiens un agencement plus harmonieux des muscles et des nerfs en passant vite fait derrière les uns et les autres une main trempée dans des liquides. J'observe un canal ménagé dans l'épaisseur de la paroi abdominale en m'y enfonçant la tête la première et en laissant derrière moi tout un tas de saloperies. Je range avec soin l'arrière et le dessus de mon crâne à l'intérieur de mes joues. J'expose en y mettant les bras jusqu'au coude un endroit brûlé de mon épaule où la peau se déchire. Je donne à mon regard un aspect huileux. Je plaque un morceau de mon dos contre ma figure puis celle-ci entre le dessous de la peau de mon ventre et la paroi externe de mon estomac. J'introduis tout ou partie de mon bras dans l'intervalle entre deux orteils de mon pied indifféremment gauche ou droit. Je retire du milieu de mon crâne en partant du haut l'équivalent en poids d'un petit corps comme on en a dans les premiers moments de la vie. Je réduis la densité des matières à la jonction de l'épaule et d'une partie plus grasse et plus renflée du biceps. Je redéfinis plus nettement la limite entre l'épaule et le bras. J'écrase et gonfle alternativement les deux yeux. Je recentre toutes les extrémités de mon corps en les enroulant. Je mets mon oeil droit dans mon oreille droite, mon oreille droite dans ma bouche, ma bouche dans mon oreille gauche, mon oreille gauche dans dans mon oeil gauche et mon oeil gauche dans mon oeil droit, puis j'annule tout pour effectuer l'opération inverse. Je crée des angles pour entraver la circulation des fluides. Je redirige vers les parties basses de mon corps ce qui se serait naturellement répandu dans les parties hautes par l'effet de la dynamique interne. Je mets sous ma peau les boutons qui étaient dessus. Je place dans d'autres sacs urine et excréments sur le point d'être évacués. J'emmagasine. Je stocke. Je m'arrange pour ce qui était en quantité suffisante soit en surplus et crée une aspiration et des courants nouveaux en ménageant des issues là où il n'y en avait pas. Je nettoie à la main les organes vides et avec des lingettes les parties désertes de mon corps. Je classe et range autrement les os du bas de mon corps. J'organise ma main. Je verse et répands des larmes par d'autres voies que mes yeux. Je plie et déplie ma langue à volonté.
Extrait de J'entre in quélen = enqulé (éditions louise bottu) pp45/49 Dominique Quélen
Frontière un univers ellipses fracture molécules en jachère rien qu'une nuit élan incertain écart cet interstice faille amère invective rien qu'une nuit alphabet érode après inconstance en pleine inconscience nue rien qu'une nuit torrent d'affronts en la descente ici lointaine par-delà même rien qu'une nuit.
de plusieurs membres de la même famille conduits le même jour dans un service d'aliénés, atteints de monomanie et dont le délire offre exactement le même caractère. En interrogeant l'un de ces malades on sait par avance quelles sont les conceptions délirantes des autres. Si dans le cas dont nous parlons on obtient des renseignements, on apprend que la folie n'a pas éclaté simultanément chez tous les malades, mais qu'elle a été antérieure de plusieurs mois chez l'un d'eux et qu'elle s'est ensuite peu à peu communiquée aux autres. C'est ainsi que M. Baillarger a pu voir "le délire transmis de la mère à la fille, puis de la fille à son frère, enfin du fils à son père."
Mon ailleurs tristesse. Vaste et lointain, en mouvement. A la nuit, même immobile. Oubli de temps, rappel d'espace. En un tourbillon lent et foisonnant. Ces regards, des distances. Enchevêtrement d'élans désordres. Suspens après rupture. Errance en impulsion. Bouche avide. Stupre même, hiatus. Rires à l'abandon.
- Duplicata d'abruti ! Photocopie de couillon chronique ! Ersatz de fausse-couche ! Virus délirant ! Parasite boulimique des âmes ! Gonocoque du savoir ! Cacochyme succube des consciences ! Misérable empoisonneur qui déshonore la noble espèce des plantes et bêtes venimeuses ! Tortionnaire du vent et des parfums du jours ! Incendiaire de nuit ! Suborneur et violeur de terres vierges ! Emmerdeur planétaire ! Asseyez-vous !
- Mais... heu... je suis assis.
- Pour vous, que la bonne et vraie vermine renie avec dégoût, "assis" veut dire accroupi, contre le sol, enroulé, écroulé, dans la position de l'excrément, dont vous n'êtes qu'un éloigné cousin bâtard... Non ! Pas comme ça ! Plus bas ! Plus petit ! Petit-petit ! Encore ! Voilà... Vous pouvez respirez, mais pas plus de trois millimètres cubes à la fois !... Maintenant, levez le pied gauche, et dîtes: "Je le jure !" Plus haut, le pied, plus haut ! Et sans tomber ! Allons, dépêchez-vous: "Je le jure !"
- Je... heu... jure ... quoi ?
- "Je le jure !" furoncle du néant ! Déchet congestionné ! Inconsommable appât pour pêcheur-à-la-ligne masochiste et poisson fou ! Je le jure, c'est tout, pied tendu, mieux que ça ! Jambe raide ! "Je le jure !" ça veut rien dire ! C'est un non-sens. Une bouffonnerie. Une connerie ! Pour que les mots de votre bouche soient bien conformes au reste de votre carcasse ! Pied gauche ! Mieux que ça ! Dépassez pas votre ration d'oxygène ! On attend !...
- ... Je le jure...
- Savez-vous pourquoi vous êtes ici ?
- Eh bien, on m'a capturé, bâillonné...
- Tassez ! Recroquevillé ! La forme excrémentielle ! Pour l'instant, votre seul statut, c'est: éloigné-cousin-bâtard-de-la-merde... Répétez intérieurement: "Je suis une presque merde !... Je suis une presque merde !..." Pas à voix basse ! Dans le crâne seulement ! Vos pensées puent, mais vos phrases schlinguent !... Elles sont porteuses d'épidémies sournoises et d'infections virulentes. C'est pour ça qu'on fait tous ici bien attention à se boucher le nez quand vous parlez... Vos poumons, goinfre abject ! Trois millimètres cubes, pas plus !... Continuez, on écoute...
Le ciel était d'un gris-brun violacé, avec de brusques ulcérations, des flashes noirs et blancs, fulgurants (...)
Extrait de Idiot Cherche Village, La Table Ronde, pp.231/232, Patrick Ravignant
Typographie merdre échéance infinie... Colère insane par-delà cette bile. Transcrire pour rien événement débile. Circonscrire la zone, ou... Faisceau d'états en la pénombre. A ta crypte insincère mon illusion cosmique. Une langue s'égare en allées éphémères... La nuit après la nuit. Entrave à venir et déjà advenue. Quelques pas et...
Roide et liminaire esquisse parmi le monde à l'hier hanté pas même je n'ai pas mis le nom d'as équivoque hélas après la peine inhérence frontière rien ne vient que photons quelques et consternés en ce théâtre d'ombre dévoyé pour le pire défoncer l'issue remonter vers...
Elle me dit, y a une entrée, juste derrière, par la rue, elle me dit, t'as pas la clé t'as pas la clé ? Ah. Ah elle me coupe l'herbe sous le pied, pendant que je reste plantée là dans son fumier qu'est-ce qu'elle croit que je vais pousser ? Genre elle va m'en sortir, elle, le pronom personnel, elle, alors alors que je suis là que je suis vexée, vexée elle va planter un ami et reste plantée là. Sentiment pot de fleur. Elle lâche un par un, mes grains de peau, dans le caniveau, sentiment graine plutôt que pot plus que pot sentiment graine plus que pot, elle me sème la salope. Elle me sème la salope. Mordue par des fourmis sur ma cuisse, leurs abdomens coupés résistent rivés à ma jambe sur la plaie qu'elles ont faite dégueulasse. Par effet splash sur les genoux, une stalagmite de tige la plante monte, pas linéaire pas comme une construction qui s'échafaude en ligne droite qui gonfle de plus en plus, mais comme une masse qui gonfle, comme un soufflé qui prend, températures de chaque matière, chaque élément allant en friction, fusion, absorption, liaison, dissolution, ajout, mutons bouillons ensemble brouillons. Du crachin dans les jambes du crachin dans les jambes, c'est chargé c'est salé à se faire de la bile de débile.
Extrait de SNI, p.56, Julie Coutureau, Editions Supernova
Rien n'ira jamais que la mélancolie, pas même. D'ivresse exsangue après minuit, faisceaux affaissés & trainants, détruire dire, élan chiche à la dune interdite. Confusion adventice par-delà mouvements. Tourments extimes à l'oeuvre originale. Regrets infinis, existent-ils ? A l'éclipse marasme...
La baise sera toujours supérieure à l'amour en tant qu'elle n'est pas une chimère mais de fait un état.
Interaction désastres sonde l'espace à la recherche sensuelle d'élans dilués en convulsions lasses à la surface inhérente et critique de l'étincelle élastique quand la lumière s'immisce ailleurs et partout par-delà failles et distances limite à l'ombre désinvolte de courses suspendues en l'attente indécise d'un arrêt dédié.
Faille à l'errance amère, adverse & complice, si proche et lointaine, arcane atroce, bien après la lande et cette écorce, cauchemar vision pénombre, inconscience émérite, par-delà le vide et l'année, brume antichambre, à ces nuits vassales et puis non, limbes parcellaires, réification blême à l'ennui, délivré du souffle qu'il ignore, nocturne à l'oraison.
crâne boite noire ensemble vide devenu bête tapie disant je regarde la mort magnificence effondrée sa dissoute présence à mes côtés je sais la vie prudemment étanche farce aphone au fond du sensible trait obstiné entre les morts du monde las patients plus aptes à supporter la danse sa mortelle panoplie memento mori qui dira sa propre mort illusion des forces génitrices la face blême écrivant des corps écrivant vertical enfin en suspens mort-vivant mi-néant que faire de notre vulnérabilité théâtre de l'absence dans cette fosse si les objets sont inquiétude la page panique aveugle sans sons écrivant écrivain former des pleurs suis-je ses coutures pitié on a vu cela hors ces trous un crâne antre de solitude parmi les gisantes les oubliées bulle d'air pareille à celle de l'enfer flammes de l'être vestige dans les ténèbres une voix une ombre dans le silence mânes familiers spectres voués aux résurgences vivant en vain j'invoque
extrait de Sous d'autres formes nous reviendrons (Seuil/Fiction & Cie) pp 63/64 Claro
L'ailleurs est hier factice l'ennui même encore des secondes quelques pour n'être qu'à peine. Et qui connaît cela ? L'interaction licite ou, par-delà champs magnétiques... Existe et ne vit pas ? Corsaire après contrainte lasse. Ta nuit mon espace. Cohabitation infime. Sérénité des réprouvés, failles amères. Survivre après c'est assez merdre intime. Endurer l'errement. Continuer l'esquisse...
Je me vois comme un être humain intelligent & sensible
doté de l'âme d'un clown
qui me force à tout saborder
aux moments les plus importants.
La nuit n'existe pas elle est cette oraison la nuit n'existe pas elle est cette obsession la nuit n'existe pas elle est cette scansion la nuit n'existe pas elle est cette illusion la nuit n'existe pas elle est cette intrusion, la nuit n'exista pas elle est son absence d'inflexion, la nuit n'existe pas elle est machination, la nuit n'existe pas après les illusions la nuit n'existe pas, elle est collusion cette, la nuit n'existe pas, s'égare à l'horizon.
Embrasser le fond diffus cosmologique, imaginer ivresse intestine, tendre à l'ailleurs même, sculpter l'aube en crépuscule, ne pas en revenir, errer d'images en photogrammes, heurter quelque élément de nuit, vibrer encore pour peu, ironiser à la seconde, savoir l'écart avant l'ennui, envisager des figures de style, & musarder ainsi, en zones d'ombre...
C'est une chose fameuse que d'être illisible dans un monde infâme.
Bertrand Delcour.
Détresse insane corps las figures quelques par-delà limite mains indistinctes et affres abîmes frayeurs immobiles incandescence en mouvement fuites à l'absence hier est demain même à convulsion événement.
Distance luminique errance féconde rien n'existe que ces cônes de lumière irrévérents... Plus tu fuis, plus profond ils s'immiscent... Ils te précèdent et te suivent avec dextérité même... Tu penses à te perdre. Ils t'invitent encore. La nuit. Et il n'y a rien d'autre... Il n'y a rien d'autre... Rien d'autre... Une asymptote.