vendredi 28 février 2020
Asocial
Je n'ai pas compris la vie, je ne la comprends point, j'avance las parmi ses interstices, je chavire, j'oscille, ne demande rien, attends l'inélégance, connais l'incipit, souviens la nuit... L'attraction sociale m'est étrangère. J'aime à lire à la nuit noire, et à compter par-delà l'horizon des événements. Je sais le crépuscule fractal, et l'ombre mensongère. Après l'élan, Merdre m'indiffère. Asocial, adoncques, asocial...
mercredi 26 février 2020
Je rêve donc je suis...
J'avançais en tombant. Cependant j'avançais,et je n'avais pas honte.
Je poursuivais ma gravitation, autour de l'automne.
Tournoyer, dans un peu de vent, juste ce qu'il fallait, pour faire durer le plaisir, flirter avec l'Eteinte.
Il y avait aussi des jours où, assis sur une chaise, dans la cuisine, tout contre la fenêtre, tout contre les arbres, l'appareil photographique sur les genoux, j'attendais, je prenais des photos, depuis ma chaise, comme si j'eus été infirme.
L'écoulement du temps, les chutes, les chambres de lumière, ou d'ombre, s'ouvrant à l'oblique, éclaboussements et salves, vers quoi je tendais
mon peu de peau, ma tête
Et la terre entière, n'était plus qu'un lieu d'exil.
Je mangeais ma soupe, comme font les enfants, ou les vieux, en rêvant,
les yeux étant alors
Inhabités, les mains suspendues à tel objet, autour duquel elles se figent, abandonnées dans leur logique d'action.
(...)
Je poursuivais ma gravitation, autour de l'automne.
Tournoyer, dans un peu de vent, juste ce qu'il fallait, pour faire durer le plaisir, flirter avec l'Eteinte.
Il y avait aussi des jours où, assis sur une chaise, dans la cuisine, tout contre la fenêtre, tout contre les arbres, l'appareil photographique sur les genoux, j'attendais, je prenais des photos, depuis ma chaise, comme si j'eus été infirme.
L'écoulement du temps, les chutes, les chambres de lumière, ou d'ombre, s'ouvrant à l'oblique, éclaboussements et salves, vers quoi je tendais
mon peu de peau, ma tête
Et la terre entière, n'était plus qu'un lieu d'exil.
Je mangeais ma soupe, comme font les enfants, ou les vieux, en rêvant,
les yeux étant alors
Inhabités, les mains suspendues à tel objet, autour duquel elles se figent, abandonnées dans leur logique d'action.
(...)
extrait de Tectonique des plaques, Editions Comp'act, p.110, Carole Darricarrère
mardi 25 février 2020
jeudi 20 février 2020
lundi 17 février 2020
Survivance (vau-l'eau, une anaphore)
à vau-l'eau, cette vague unique et son océan incertain
à vau-l'eau, ces espérances humides & ces craintes anhydres
à vau-l'eau, après l'existence encore quelque errance
à vau-l'eau, invisibles à la nuit, inhérentes à l'aube
à vau-l'eau, de lignes de fracture en lignes de fuite
à vau-l'eau, ignorances à l'incipit, éclipses à l'arête
à vau-l'eau, d'enivrements inconnus & d'ivresses uniques
à vau-l'eau, mystère de l'élan par-delà malice vaine
à vau-l'eau, l'univers expansion & ses failles amères
à vau-l'eau, est instant cette fin et son lieu singulier
à rebours, souvenirs...
à rebours, survivance...
à vau-l'eau, ces espérances humides & ces craintes anhydres
à vau-l'eau, après l'existence encore quelque errance
à vau-l'eau, invisibles à la nuit, inhérentes à l'aube
à vau-l'eau, de lignes de fracture en lignes de fuite
à vau-l'eau, ignorances à l'incipit, éclipses à l'arête
à vau-l'eau, d'enivrements inconnus & d'ivresses uniques
à vau-l'eau, mystère de l'élan par-delà malice vaine
à vau-l'eau, l'univers expansion & ses failles amères
à vau-l'eau, est instant cette fin et son lieu singulier
à rebours, souvenirs...
à rebours, survivance...
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quitter le solide,
vau-l'eau
vendredi 14 février 2020
Des fardeaux...
Pâle ignorance une lueur quelle est l'errance ? Par une étrange missive laissée lasse cet oubli de souvenir... Lumière véhémente à l'éclat quotidien. Savoir lacunes après les interstices. De préjudices en déshérences quelque instant nocturne même... Je sais ton crépuscule et cette déchéance... Parmi l'hier ainsi, douter de l'évidence... Demande encore à l'oraison, là ou ici. Particulière, cette scansion...
mardi 11 février 2020
"objectivement dénués de tout caractère littéraire..."
Quand la justice s'acharne sur un écrivain, poëte, gilet jaune
Ludovic Bablon, écrivain et poète, mais aussi organisateur de manifestations et Gilet Jaune à Chaumont a été l’an dernier emprisonné pendant 5 mois pour une soi-disant “apologie de crime” dans des poèmes satiriques contre la police en réaction à a vague de violences d’Etat contre les Gilets Jaunes.
Aujourd’hui il est libre, mais la justice a encore 6 chefs d’accusation contre lui. Notamment pour avoir dénoncé sur facebook les violences d’un gendarme contre son épouse ; pour s’être emporté dans un groupe facebook contre un procureur qui venait de mettre 9 Gilets Jaunes en garde-à-vue ; ou encore pour avoir "cherché à jeter le discrédit sur une décision de justice"... Qui plus est il a subi trois perquisitions au sein desquelles ses ordinateurs et ses clés USB comprenant son travail lui on été confisqués.
Ludovic Bablon fait face à un acharnement judiciaire qui se transforme en discrédit artistique quand les juges qui le condamnent pour "apologie de crime" dans deux poèmes affirment que ces deux textes sont “objectivement dénués de tout caractère littéraire”…
Aujourd’hui il est libre, mais la justice a encore 6 chefs d’accusation contre lui. Notamment pour avoir dénoncé sur facebook les violences d’un gendarme contre son épouse ; pour s’être emporté dans un groupe facebook contre un procureur qui venait de mettre 9 Gilets Jaunes en garde-à-vue ; ou encore pour avoir "cherché à jeter le discrédit sur une décision de justice"... Qui plus est il a subi trois perquisitions au sein desquelles ses ordinateurs et ses clés USB comprenant son travail lui on été confisqués.
Ludovic Bablon fait face à un acharnement judiciaire qui se transforme en discrédit artistique quand les juges qui le condamnent pour "apologie de crime" dans deux poèmes affirment que ces deux textes sont “objectivement dénués de tout caractère littéraire”…
Des écrivains et des poètes en prison, ce n’est pas une franche nouveauté… La liste est longue, de ceux qui y passèrent, Clément Marot, Rimbaud à Mazas, Nerval en GAV pour un défaut de passeport (!), Desnos, Genet, Verlaine et Wilde, Sarrazin, Guyotat, etc, Dostoïevski, et tous les Russes et non-Russes qui n’en revinrent pas. Mais chaque fois, il s’agit d’essayer de penser la situation aujourd’hui, et ce qu’elle révèle, pas seulement pour sauver la peau d’un homme, d’une femme, mais pour remettre sur le tapis et sous les yeux de ceux qui n’y sont pas et croient en être à jamais hors, la prison, sa question.
Dans le cas qui nous occupe, celui de Ludovic Bablon, écrivain et poète donc, il va falloir faire plus que d’habitude l’effort de se mettre dans le crâne d’un juge, dans le crâne supposé de la justice française à l’automne 2019. Par exemple, écrivain et Gilet Jaune, le crâne de la justice française ne repère pas, ne détecte pas, n’enregistre pas ; la connexion neuronale nécessaire au raccord écrivain-Gilet Jaune n’a pas lieu. Il y a bien écrivain d’une part (Christine Angot à la télé, Michel Houellebecq sur la table du salon, Honoré de Balzac dans la bibliothèque) et Gilet Jaune d’autre part (extrémiste, raciste, fasciste, gros, pas lavé, mange mal, ou pire, gauchiste), mais écrivain-Gilet Jaune, ça, pour la majeure partie de la justice française, c’est une vue de l’esprit, un oxymore, une aporie, et pour tout dire : une faute de goût.
Ensuite, si vous êtes écrivain (et poète), c’est que vous êtes calme. Un écrivain garde toujours son calme (sauf quand il lui arrive ponctuellement de faire l’écrivain à la télé, mais ce n’est pas son être : c’est l’être de la télé). La preuve que Ludovic Bablon n’est pas écrivain mais Gilet Jaune, c’est qu’il s’emporte. C’est à cela qu’on reconnaît qu’il est indécrottablement (pensent des juges) Gilet Jaune.
Un Gilet Jaune qui écrit des poèmes, admettons. Justement : les poèmes d’un Gilet Jaune qui écrit des poèmes ne peuvent qu’être mauvais, c’est-à-dire non-poétiques, non-littéraires (puisqu’il est Gilet Jaune). De toute façon, on n’écrit pas que les flics sont des ordures ou des putes dans un poème ; ce n’est pas un thème poétique, la police.
Oui mais Louis Aragon, poète et écrivain, composa dans un célèbre poème les vers suivants :
Descendez les flics
Camarades
Descendez les flics
Camarades
Descendez les flics
Justement, c’était Louis Aragon. Louis Aragon (bien que communiste — personne n’est parfait) était un poète connu. Ses amis étaient des gens connus. Ils étaient tous connus, ces gens-là, on ne peut donc pas les soupçonner. D’ailleurs c’est son ami André Breton, poète connu, qui l’a défendu et lui a évité la taule, quand il a écrit les vers ci-dessus, en expliquant à la justice française de l’époque que c’était jamais que de la poésie et qu’il fallait pas en faire un fromage. La preuve que la notoriété est capitale dans ce genre d’affaire, c’est que Rimbaud, par exemple, il était pas connu de son vivant, et ses potes pas connus non plus — du coup, il est allé en taule. C’est logique. C’est imparable.
Une autre preuve que Ludovic Bablon est bien plus Gilet Jaune qu’il ne sera jamais écrivain connu, pour un juge, c’est qu’il est pauvre. Vous me direz : mais Genet était pauvre, Nerval crevait la dalle, etc. Justement : à l’heure qu’il est, ils sont en livres de poche, ce qui justifie rétrospectivement leur pauvreté. Quand Bablon sera mort et en livre de poche, il aura le droit d’être pauvre — et Gilet Jaune si ça lui chante ; on est ouverts, dans la justice.
lisez le magnifique Scènes de la vie occidentale (Le Quartanier)
et ses autres livres :
•Perfection, éditions L’Amourier, 2000.
•Tandis qu’Il serait sans parfum, éditions L’Amourier, 2002.
•Histoire du jeune homme bouleversé en marche vers la totalité du réel, éditions Hache, 2003.
•Scènes de la vie occidentale, éditions Le Quartanier + Hogarth Press II, 2005.
•Kidnapping d’un junkie, feuilleton publié dans Le Matricule des Anges, 2005
•Bomb Bunker Buster, avec Anne-Valérie Gasc, éditions Images en Manœuvres, 2007.
•New York. Trois machines d’amour à mort, éditions Les Petits Matins, 2010.
[Consultables ici : http://ludoeducatif.fr/]
Nathalie Quintane via Lundi Matin (illustration L.L. Mars)
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vendredi 7 février 2020
samedi 1 février 2020
Thurston, Watt, Thurston...
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Your fuckin' memory just goes out the window...
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