parti de rien, martinet a accompli une trajectoire exemplaire: il n'est arrivé nulle part.
" (...) écoute, sonia, si tu continues à m'accabler avec ta divine comédie, moi, je fiche le camp.
comme je te l'ai déjà dit, j'ai un rendez-vous urgent. ne t'amuse pas à mêler polly, enfin je veux dire paulina semilionova, à toute cette littérature. crois-moi, elle n'a strictement rien à voir avec tout ça. paulina, je ne la cherche pas dans les nuages, mon désir d'elle est horriblement terrestre, quotidien et morne, il ressemble plutôt à une douleur lancinante, obscène. une douceur atroce, aussi, oui. j'ai plus de quarante ans, je ne lis plus rien depuis des années, à part quelques bandes dessinées, la littérature ne m'intéresse pas, est-ce que tu comprends ça ? d'ailleurs, je ne connais rien, je n'ai rien lu. je suis un idiot, un demeuré. en tout cas, je voudrais l'être. c'est mon idéal. ce n'est pas facile d'être un idiot. personne ne vous croit. votre sincérité passe pour le comble de la duplicité. plus personne ne vous aime. on vous laisse moisir dans un coin. les saisons passent sans que vous en tiriez un moindre plaisir. est-ce que tu comprends ça, sonia ? il n'y a pas d'âme, il n'y a pas de paradis, il n'y a pas d'amour absolu, tout ça ce sont des inventions de poëte : notre enfer, nous le vivons sur terre, heure par heure, dans la médiocrité et la rancune, dans le dégoût et l'humiliation, jusqu'au bout, et lorsque nous nous écroulons, il n'y a personne pour nous tendre une main secourable. tu as beau connaître dante par coeur, ça ne t'empêche pas de sentir mauvais quand tu viens de faire l'amour ou que tu viens de chier. la beauté ne sert à rien, elle ne rachète rien, elle est même un scandale pour ceux qui ont le coeur brisé. (...) "
comme je te l'ai déjà dit, j'ai un rendez-vous urgent. ne t'amuse pas à mêler polly, enfin je veux dire paulina semilionova, à toute cette littérature. crois-moi, elle n'a strictement rien à voir avec tout ça. paulina, je ne la cherche pas dans les nuages, mon désir d'elle est horriblement terrestre, quotidien et morne, il ressemble plutôt à une douleur lancinante, obscène. une douceur atroce, aussi, oui. j'ai plus de quarante ans, je ne lis plus rien depuis des années, à part quelques bandes dessinées, la littérature ne m'intéresse pas, est-ce que tu comprends ça ? d'ailleurs, je ne connais rien, je n'ai rien lu. je suis un idiot, un demeuré. en tout cas, je voudrais l'être. c'est mon idéal. ce n'est pas facile d'être un idiot. personne ne vous croit. votre sincérité passe pour le comble de la duplicité. plus personne ne vous aime. on vous laisse moisir dans un coin. les saisons passent sans que vous en tiriez un moindre plaisir. est-ce que tu comprends ça, sonia ? il n'y a pas d'âme, il n'y a pas de paradis, il n'y a pas d'amour absolu, tout ça ce sont des inventions de poëte : notre enfer, nous le vivons sur terre, heure par heure, dans la médiocrité et la rancune, dans le dégoût et l'humiliation, jusqu'au bout, et lorsque nous nous écroulons, il n'y a personne pour nous tendre une main secourable. tu as beau connaître dante par coeur, ça ne t'empêche pas de sentir mauvais quand tu viens de faire l'amour ou que tu viens de chier. la beauté ne sert à rien, elle ne rachète rien, elle est même un scandale pour ceux qui ont le coeur brisé. (...) "
extrait de Jérôme (finitude), roman monstre...
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