(...)
dilemme. de deux choses l'une: ne pas parler, ne pas se taire.suicide.
IRREALITE / EXISTENCE
se passer la main sur le visage, la crainte angoissée de n'y plus trouver ni nez, ni bouche, tous traits effacés comme sur un dessin...
croire à son existence, à ceci près que l'emploi du possessif son rend la chose impossible.
je ne me sens vivre qu'à partir de l'instant où je sens mon inexistence. j'ai besoin de croire à mon inexistence pour continuer à vivre.
je prononce mon nom, je dis et j'évoque aussitôt un personnage à vrai dire aussi fantomatique / abstrait / arbitraire, que l'eau se reconnaît dans le signe H2O, plutôt que sous forme de grêle, de torrent, etc.
moi et moi, moi moi moi.
" on my way if ever anything is mine." (L.P.)
vous vous attribuez les forces qui vous emportent.
je peux en faire autant, appeler la foudre ma foudre, le vent mon vent; avez-vous vu mon beau coucher de soleil hier soir? je m'étais surpassé... nul ne se gêne d'ailleurs pour dire mon pays, mon climat, etc.
vous n'hésitez pas à vous attribuer les désirs de l'amour; ses douleurs sont vôtres. mais qui songerait à se vanter d'une rage de dent ?
c'est peut-être ma principale erreur d'avoir un corps que l'on cherche à imiter. je ne m'oppose pas à être, mais alors mes sens sont de trop, de trop l'oeil, la conscience et le reste.
c'est le voeu d'un honnête homme d'être ressemblant mais à quoi ? je ne puis prendre au sérieux les indications de mes traits.
que pouvez-vous contre un fait ? j'ai deux yeux et un nez ou bien j'ai un oeil et deux nez. eh bien !
je me vois, je suis derrière chacun des mots que je prononce.
je suis assis; prenez garde, en êtes-vous sûr ? ne suis-je pas plutôt debout ou couché ?et si ce n'était pas moi, un autre, vous peut-être, il y a peu de chances.
mes cinq sens ne m'appartiennent pas. on n'a qu'une chose à soi, c'est son désir. je voudrais vivre à mon propre compte.
(...)
extrait de pensées
in le jour se lève ça vous apprendra (éditions cent pages)
dilemme. de deux choses l'une: ne pas parler, ne pas se taire.suicide.
IRREALITE / EXISTENCE
se passer la main sur le visage, la crainte angoissée de n'y plus trouver ni nez, ni bouche, tous traits effacés comme sur un dessin...
croire à son existence, à ceci près que l'emploi du possessif son rend la chose impossible.
je ne me sens vivre qu'à partir de l'instant où je sens mon inexistence. j'ai besoin de croire à mon inexistence pour continuer à vivre.
je prononce mon nom, je dis et j'évoque aussitôt un personnage à vrai dire aussi fantomatique / abstrait / arbitraire, que l'eau se reconnaît dans le signe H2O, plutôt que sous forme de grêle, de torrent, etc.
moi et moi, moi moi moi.
" on my way if ever anything is mine." (L.P.)
vous vous attribuez les forces qui vous emportent.
je peux en faire autant, appeler la foudre ma foudre, le vent mon vent; avez-vous vu mon beau coucher de soleil hier soir? je m'étais surpassé... nul ne se gêne d'ailleurs pour dire mon pays, mon climat, etc.
vous n'hésitez pas à vous attribuer les désirs de l'amour; ses douleurs sont vôtres. mais qui songerait à se vanter d'une rage de dent ?
c'est peut-être ma principale erreur d'avoir un corps que l'on cherche à imiter. je ne m'oppose pas à être, mais alors mes sens sont de trop, de trop l'oeil, la conscience et le reste.
c'est le voeu d'un honnête homme d'être ressemblant mais à quoi ? je ne puis prendre au sérieux les indications de mes traits.
que pouvez-vous contre un fait ? j'ai deux yeux et un nez ou bien j'ai un oeil et deux nez. eh bien !
je me vois, je suis derrière chacun des mots que je prononce.
je suis assis; prenez garde, en êtes-vous sûr ? ne suis-je pas plutôt debout ou couché ?et si ce n'était pas moi, un autre, vous peut-être, il y a peu de chances.
mes cinq sens ne m'appartiennent pas. on n'a qu'une chose à soi, c'est son désir. je voudrais vivre à mon propre compte.
(...)
extrait de pensées
in le jour se lève ça vous apprendra (éditions cent pages)
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