J'ouvre les yeux tout à coup dans la nuit et très loin
Je le vois. Avec je ne sais quelle sorte d'yeux
Je le vois: remuer, un déhanchement de pierres scellées,
Etroitement maçonnées. Déhanchement qui est un signe
Qu'il te fait, et tu entends avec je ne sais quel organe
De ton corps le grand mugissement qu'il lance -
Ce grand effort de muet qu'il fait chaque fibre
De ton être l'écoute et le regarde, et tout ton être
S'emplit d'une énorme lumière vert sombre et d'un cri,
D'une huée d'effroi, d'un grand balancement
De cloche folle et éperdue - muette aussi. Et ce mur,
Le grand bilieux, tu est toute à cette horrible sympathie,
A ce partage terrifiant, lui une créature aussi,
Comme toi - il t'appelle. Epouvanté de toi il n'a que toi,
Tu es sa soeur et son amour il te pénètre - cette lumière
En toi et ce grondement c'est déjà lui, ce mur t'aime
Il n'a que toi à aimer entre le fond du monde et cette
Petite flamme affolée de ta conscience et rien d'autre
De vivant à ses yeux et maintenant - tu le comprends
Comme un frère et comme un amant - il te demande,
Il te supplie qu'en lui tu entres, ainsi, que tu te loves,
Que tu t'ensevelisses en lui, ainsi, que tu enfonces
En lui le cri muet et la brûlure glacée de ta joie,
De ton horreur. Mur amoureux. Mur de ta mort.
Extrait de Derniers poëmes, Evelyne Nourtier in Le Poteau rose, Evelyne "Salope" Nourtier & Louisa Ste Storm, Le corridor bleu, p.182, avec l'aimable contribution d' Ivar Ch'Vavar
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