" A vrai dire, oui, il est vraiment pathétique, pathétique et pitoyable, cet article de Matzneff dans la vieille et touchante Revue des deux Mondes (qui ne doit guère avoir plus de lecteurs que Matulu autrefois !), un sommet bien involontaire, hélas (sinon, ce serait de l'humour), de dérision. Bref, on nage en plein gâtisme, et franchement je me suis bien amusé à lire cette autoglorification qui me semble relever de la camisole de force ou de la douche glacée, bonnes vieilles méthodes qui, plus que celles de Freud, ont toujours su calmer les délirants et les agités - qui il faut bien le dire sont légion chez les gens de plume. Matzneff est persuadé que son âme intéresse les gens. Erreur: elle n'intéresse que lui, et c'est la tragédie de la plupart des écrivains de ne pas en avoir conscience. Et ce style, avec ça ! Daté, amphigourique, très XIXe, avec cette obsession de la mort-qui-rend-justice, tu parles ! Je préfère encore Jean Eustache et son teint urineux, lui au moins avait un réel talent, à la fin il paraît qu'il restait couché toute la journée avec une bouteille de whisky, et qu'il ne se levait plus que pour pisser, d'ailleurs, dès la Maman & la Putain, un grand film, on sentait qu'il n'était pas très doué pour la vie. (...)"
Lettre à Alfred Eibel, 11 Décembre 1981, extrait
in Revue Capharnaüm, n°2, p.63, Eté 2001, Finitude
Sans illusions, Jean-Pierre Martinet
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire