le destin apprivoisé
sécrète
les fascinations originelles
de l'invisible.
Les anciens continents
et les nouveaux espaces
reconnaissent
les sourdes musiques.
De l'isthme resplendissant
du lien
du joug
jaillit
la première figure.
(p.163)
La forme nouvelle
se sépare
à jamais
de l'océan.
Surgie des fleurs
d'algues mouvantes
des profondeurs marines
l'apparence
enfin
glisse vers la lumière
devient minéral.
(p.164)
Les mutations s'opèrent
en spasmes déchirants.
Eclaboussures d'or
aux centre de noyaux de plomb.
Transparence soudaine
ces vieilles opacités.
Fulgurations sous-jacentes
des porphyres sanglants.
Spirales abruptes
emplies de sèves incandescentes.
Miroirs éclatés
en fleurs vivantes.
(p.165)
De l'éclat d'un cristal
l'Arbre-fleuve
la mangrove tentaculaire
envahit
les terres conquises
les plantes continentales.
L'origine obscure
monte
le long
des racines enchevêtrées.
(p.166)
Les bûcherons
sans descendance
nés de semences fertiles
de l'hydre vaincue
frappent
les murs d'arbres
les remparts érigés
en fulguration aveugle
de nuit.
Au fond des cathédrales arborescentes
s'élabore
la taille linéaire
du Temple
dans l'ocre asymétrie
des puissances sanguinaires.
(p.167)
Le Démiurge
première fixité
Phallus solaire
principe ancien
de ténèbres
resplendit
d'écume astrale.
Par l'immobilité du chant
il porte
vers les sonorités d'espace
le magma grandiose
des tumultes souterrains.
Autour de lui
se polarisent
les danses
du solstice.
(p.168)
L'anneau étoilé
comme autour d'un cratère
se resserre
en vibrations.
Sur l'orbe géant
des formes nues
oublient
la tempête équinoxiale.
Emmêlée
dans le prisme gluant
la maçonnerie pyramidale
des corps déchirés
s'agglomère.
(p.169)
La douceur errante
se grave
au noir des masques
aux sillons maritimes
des visages.
Les écorces translucides
reflètent
l'étendue architecturale
des accouplements.
Au creux du gouffre
commence
la cérémoniale initiation.
(p.170)
L'éclosion furtive
du geste
introduit
d'érotiques dissonances.
Le déhanchement
élevé
jusqu'aux cimes du désir
clôt
le cercle de la jouissance.
Les membres dressés
évoluent
dans le sombre abîme
des replis nocturnes.
(p.171)
Les coulées de sang
de lave pétrifiée
épousent
les courbes
de chair.
Les multitudes ouvertes
s'accrochent
aux lambeaux profanés.
Les rythmes amplifiés s'organisent
en vaste pulsation.
(p.172)
La peur inattendue
arrachée
au roc de l'extase
survient
au coeur de la mort.
L'impossible pénétration
s'achève
dans le secret
des profondeurs.
(p.173)
Immobile création
le Dieu solitaire
s'accomplit.
La finalité statique
déroule
dans un vide imaginaire
la croyance
du mouvement.
(p.174)
L'immensité imperturbable
du regard
engendre
la révolution
des mondes.
Des mémoires englouties
renaît
l'histoire.
(p.175)
Les structures incontrôlées
s'échappent
des cycles éternels.
L'inachevé
s'épand
en moissons futures.
(p.176)
De l'épuisante totalité
soudain vibre
une chaleur rayonnante.
Au lointain
de l'absence
se manifeste
denouveau
la mobilité humaine.
(p.177)
Le symbole
retrouve
sa présence latente.
La voix
comme un écho
retourne
au flot mugissant.
(p.178)
Peu à peu
dans l'abstraction formelle
se perd
l'incantation divine.
En un éclatement foudroyant
aux confins des terres
se libère
l'Homme-soleil.
(p179)
T
O
T
E
M
extrait de Poëmes de jeunesse, in Oeuvres II (P.O.L.), Danielle Collobert
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