Dérive(s)

 Après l'errement certain, encore, processions - irréfragable envie de nuit, crevaison - arrêt de monde en la félicité - point d'express - épreuve(s) limite pestilence - inconscience de corps - à l'ailleurs résistances - tendresse élan artificiel - navigue à l'azur - point trop - penser ployer danser - secondes quelques - implosion à l'amer - dilution lente - espace/temps dilettante - avenir d'hier fragrances illusoires - dérives rares. 

Mouvement du corps

 

David Roussel, Paris, 2013

confer 

Eclipse.

 Eternité d'instant ignorance ailleurs même indolence savoir élan énergumène apprendre à oublier éclipse tendre l'espace/temps s'étire de traverse ligne(s) en frontières diffuses désordres d'avance brouillards ignifuges reconnaissance lente déambulations dire dérive irrévérence par-delà l'apparence seconde quelque fêlures en flagrance.

Clivage

Soudain une nébuleuse vous absorbe, votre corps se condense, et votre coeur, brûlant, se contracte brutalement. Vous vous laissez prendre par l'immense tourbillon qui vous précipite sans attendre dans un trou, un trou profondément noir, et puis vous vous dites: Voilà c'est la révolution ! Hourra !! 

Vous êtes époustouflée par ce noir tellement approprié... 

Comme envoûtée, vous vous enfoncez à 100% dedans. 

Vous vous demandez si, au fond, vous êtes encore visible à l'oeil nu ? 

A ce stade non, on peut dire que vous êtes réellement sortie de tout champ de vision. 

Alors vous décidez de vous poser dans un coin, tranquille. Car vous aimez la Voie Lactée. 

Vous profitez de la vue, immobile. 

Puis un bras vous y arrache, vous tend un peignoir et cache votre peau empreinte d'étoiles, et plus généralement, de ciel. 

 Extrait de Bilan de parcours p.82 Fraîches Fictions Mathilde Ganancia 

Golden hair

 

Joyce par Barrett

Détruire dit-elle

alors le martien détruit 

le neuf c'est détruire l'oeuvre d'avant 

il faut d'abord tout détruire 

avant de faire du neuf 

tout détruire ce qui a été fait 

et le neuf 

c'est détruire par-dessus çà 

c'est une nouvelle destruction 

sur la précédente destruction 

il faudra détruire 

la création c'est ça 

c'est détruire à partir 

de ce qui a été détruit 

tout a été détruit 

alors il faut détruire à nouveau 

tout cet art qui a été fait 

toute cette création 

ça n'était que destruction 

à chaque fois qu'on crée 

on détruit 

il faut donc détruire encore 

détruire plus profondément 

avec plus de conscience 

avec plus de volonté 

il faut aller à la destruction absolue 

il faut creuser là-dedans 

et ne pas se laisser distraire ! 

 extrait de Le Martien Charles Pennequin, Lenka Lente, édition non paginée.

Oiseul

 Rupture d'énonciation dans la lande, oiseul las, fraction d'amorce, ecchymoses insignes, injures lentes et inédites, après l'orient rien trêve, état quatrième quelque seconde, par-delà l'univers observable, rai de lumière infâme, avant le soir l'espace, de minute en menace hier, encore ignorance aujourd'hui, savoir la nuit cet hémisphère... 

Feu -

La torture était tendre 

et ta beauté flagrante 

Mon corps, arraisonné 

à ton corps de vertige 

ne sachant plus l'instant 

ni le lieu, ni l'effort 

tu m'as prise et quittée 

cruel, 

initiatique, 

pour me reprendre encore. 

Devenue feu 

caressée d'impossible 

et d'éternel retour, 

j'ai pris la joie 

indicible et profonde de mon amour de toi 

comme on prendrait la mer 

 Et je vais, épuisée, amoureuse, fragile, 

avec ce bonheur fou qui me hante le coeur 

les bras faibles 

et si seule 

sur le long chemin blanc 

que je voudrais dormir, dormir, dans la poussière, 

accueillante et pudique 

de mon oubli de toi.

Extrait de L'Oiseleur, éditions Supernova, p.33, Emmanuelle K.

The Changeling - bis

Bertfromsang, siècle XXIe ou Ans CCX/CCXXX , Changeling 

Merdre

Comparution

 Rien d'hier énonciation insane vent se lève ça vous apprendra diversions malades panique finie disparition lasse dessein une frontière en cet excès cuider pour au moins quelque seconde à l'infinie fracture soupçon d'irrévérences fragments de nuit à l'ignorance après l'essence de l'épiderme substance.

Happy merdre

 Everybody's happy nowadays 

Buzzcocks

Parole parlée

Même lorsque je lis je ne lis pas 

J'infinis 

Et des termes comme bureau, mère ou wc 

Me paraissaient intolérables de débilité 

Je suis la voie du rien, rien ne m'abuse 

Rien me signifie 

Et j'utilise le roman comme substitut 

J'ai de la parole parlée 

Elle fait silence 

Entre moi et toi qui se donne le change pour pisser 

Des maîtres me disent absence 

Et ensuite le mot absentéifie le mot précédent 

Dans leurs réciproques feux inutiles 

Lire coca dans la vie 

Et lire coca dans un poëme 

Me ramène à l'étrange d'avoir à écrire 

Dénombrer le soleil 

Mille feux ardents 

Rien qu'un moi à rien 

Je bois du coca je lis le coca je pisse du coca 

Rien n'a affaire avec la présence 

Ma vie est un continuum de vérités 

Le ciel est mort 

Et la page est remplie 

Dieu est mort 

Et mon ventre plein de coca

Ou de bière ça dépend des heures 

Naufrages et coups de cul pour avancer dans la foule 

Car j'ignore la vérité 

 extrait de Basalte et Javel, pp.13/14, Antonin Veyrac, Editions Supernova

Cavalière - un aphorisme

 Rater sa vie est une manière assez cavalière de la réussir. 

The hearts filthy lesson

 Official Music Video #Merdre 

Nabuchonodosor

 Horizon d'errances, fresque perpétuelle, jubilations blêmes, à la nuit l'existence, confusion dédales, mobile la limite, un tumulte abandon, une externe ignorance, encore à la seconde, écoulement de temps, intestine l'éclipse, à la lettre apparence, aveugle une distance, dire encore traces, pour menaces, nabuchodonosor. 

Vivre; (Infinitive - 20)

 Vivre; pour finir de continuer. Des années limites. Extérieur nuit intime. Raisons insolences. Explosions de sens, ascendance. Affliction liminaire. Menaces pour menaces, souvenir(s). Acmé pas même. Rouge, ainsi. Agonir au soir. Faillir au lendemain. Traverser substance...

Intérieur/Extérieur

 

Asyl 

Fauve

Tu es à fleur de peau 

Regard contre regard 

Gueule contre gueule 

Ventre contre ventre 

Sang contre sang 

Tu ne me fais pas peur 

Je suis ta nourriture 

Et tu es mon amant 

Je te tiens à distance 

Tu es ma pourriture 

Et je suis ton dompteur 

Il faudra que tu cèdes 

A coups de bistouri 

Seringue pour seringue 

Douleur contre douleur 

A coups d'anesthésiants 

Et de neuroleptiques 

Maté, vaincu, braisé 

Tu recules ma bête 

Toi mon cancer de cirque 

Ouvert puis refermé 

Battu, ensanglanté 

Arraché, asphyxié 

Brûlant tes métastases 

Au feu de mes scalpels 

Et vomissant ta lave 

Tuyau contre tuyau 

Etouffé dans mes drains 

Troué par la morphine 

Jeté contre ma chair 

Et coulé dans mes os 

Muré agonisant 

Contre un mur de charpie 

Prisonnier à jamais 

Des mémoires chimiques 

Et des flux cathodiques 

De mes ordinateurs.

Genève, le 11 novembre 2002

extrait de Chair Vive, Grisélidis Réal, Seghers, pp.183/184