I.S. 1967
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mardi 29 novembre 2022
jeudi 26 juillet 2018
samedi 10 décembre 2016
Je ne sais pas conduire...
Dumayet avait compris...
"publicité ou roman, c'est du pareil au même, tout cela est Spectacle." Michèle Bernstein
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vendredi 3 juin 2016
lundi 23 mai 2016
samedi 8 août 2015
mardi 7 janvier 2014
jeudi 28 novembre 2013
Poësie Convulsion...
Le problème du langage est au centre de toutes les luttes pour l'abolition ou le maintien de l'aliénation présente; inséparable de l'ensemble du domaine de ces luttes. Nous vivons dans le langage comme dans l'air vicié. Contrairement à ce qu'estiment les gens d'esprit, les mots ne jouent pas. Ils ne font pas l'amour, comme le croyait Breton, sauf en rêve. Les mots travaillent, pour le compte de l'organisation dominante de la vie. Et cependant, ils ne sont pas robotisés; pour le malheur des théoriciens de l'information, les mots ne sont pas eux-mêmes "informationnistes"; des forces se manifestent en eux, qui peuvent déjouer les calculs. Les mots coexistent avec le pouvoir dans un rapport analogue à celui que les prolétaires (au sens classique aussi bien qu'au sens moderne de ce terme) peuvent entretenir avec le pouvoir. Employés presque tout le temps, utilisés à plein temps, à plein sens et à plein non-sens, ils restent par quelque côté radicalement étrangers.
Le pouvoir donne seulement la fausse carte d'identité des mots; il leur impose un laisser-passer, détermine leur place dans la production (où certains font visiblement des heures supplémentaires); leur délivre en quelque sorte leur bulletin de paye. Reconnaissons le sérieux du Humpty-Dumpty de Lewis Carroll qui estime que toute question, pour décider de l'emploi des mots, c'est "de savoir qui sera le maître, un point c'est tout." Et lui, patron social en la matière, affirme qu'il paie double ceux qu'il emploie beaucoup. Comprenons aussi le phénomène d'insoumission des mots, leur fuite, leur résistance ouverte, qui se manifeste dans toute l'écriture moderne (depuis Baudelaire jusqu'aux dadaïstes et à Joyce), comme le symptôme de la crise révolutionnaire d'ensemble dans la société.
Sous le contrôle du pouvoir, le langage désigne toujours autre chose que le vécu authentique. C'est précisément là que réside la possibilité d'une contestation complète. La confusion est devenue telle, dans l'organisation du langage, que la communication imposée par le pouvoir se dévoile comme une imposture et une duperie. C'est en vain qu'un embryon de pouvoir cybernéticien s'efforce de placer le langage sous la dépendance des machines qu'il contrôle, de telle sorte que l'information soit désormais la seule communication possible. Même sur ce terrain, des résistances se manifestent, et l'on est en droit de considérer la musique électronique comme un essai, évidemment ambigu et limité, de renverser le rapport de domination des machines à profit du langage. Mais l'opposition est bien plus générale, bien plus radicale. Elle dénonce toute "communication" unilatérale, dans l'art ancien comme dans l'informationnisme moderne. Elle appelle à une communication qui ruine tout pouvoir séparé. Là où il y a communication, il n'y a pas d'€tat.
Le pouvoir vit de recel. Il ne crée rien, il récupère. S'il créait le sens des mots, il n'y aurait pas de poësie, mais uniquement de "l'information" utile. On ne pourrait jamais s'opposer dans le langage, et tout refus lui serait extérieur, serait purement lettriste. Or, qu'est-ce que la poësie, sinon le moment révolutionnaire du langage, non séparable en tant que tel des moments révolutionnaires de l'histoire, et de l'histoire de la vie personnelle ?
(...)
Guy Debord, extrait de All The King's Men, paru dans l'I.S. n°8, Janvier 1963. in Oeuvres (Quarto/Gallimard) pp 613/615
Le pouvoir donne seulement la fausse carte d'identité des mots; il leur impose un laisser-passer, détermine leur place dans la production (où certains font visiblement des heures supplémentaires); leur délivre en quelque sorte leur bulletin de paye. Reconnaissons le sérieux du Humpty-Dumpty de Lewis Carroll qui estime que toute question, pour décider de l'emploi des mots, c'est "de savoir qui sera le maître, un point c'est tout." Et lui, patron social en la matière, affirme qu'il paie double ceux qu'il emploie beaucoup. Comprenons aussi le phénomène d'insoumission des mots, leur fuite, leur résistance ouverte, qui se manifeste dans toute l'écriture moderne (depuis Baudelaire jusqu'aux dadaïstes et à Joyce), comme le symptôme de la crise révolutionnaire d'ensemble dans la société.
Sous le contrôle du pouvoir, le langage désigne toujours autre chose que le vécu authentique. C'est précisément là que réside la possibilité d'une contestation complète. La confusion est devenue telle, dans l'organisation du langage, que la communication imposée par le pouvoir se dévoile comme une imposture et une duperie. C'est en vain qu'un embryon de pouvoir cybernéticien s'efforce de placer le langage sous la dépendance des machines qu'il contrôle, de telle sorte que l'information soit désormais la seule communication possible. Même sur ce terrain, des résistances se manifestent, et l'on est en droit de considérer la musique électronique comme un essai, évidemment ambigu et limité, de renverser le rapport de domination des machines à profit du langage. Mais l'opposition est bien plus générale, bien plus radicale. Elle dénonce toute "communication" unilatérale, dans l'art ancien comme dans l'informationnisme moderne. Elle appelle à une communication qui ruine tout pouvoir séparé. Là où il y a communication, il n'y a pas d'€tat.
Le pouvoir vit de recel. Il ne crée rien, il récupère. S'il créait le sens des mots, il n'y aurait pas de poësie, mais uniquement de "l'information" utile. On ne pourrait jamais s'opposer dans le langage, et tout refus lui serait extérieur, serait purement lettriste. Or, qu'est-ce que la poësie, sinon le moment révolutionnaire du langage, non séparable en tant que tel des moments révolutionnaires de l'histoire, et de l'histoire de la vie personnelle ?
(...)
Guy Debord, extrait de All The King's Men, paru dans l'I.S. n°8, Janvier 1963. in Oeuvres (Quarto/Gallimard) pp 613/615
mercredi 6 novembre 2013
jeudi 14 mars 2013
mercredi 17 novembre 2010
samedi 23 mai 2009
psychogéographie(s)
les grandes villes sont favorables à la distraction que nous appelons dérive. la dérive est une technique de déplacement sans but. elle se fonde sur l'influence du décor.
toutes les maisons sont belles. l'architecture doit devenir passionnante. nous ne saurions prendre en considération des entreprises de construction plus restreintes.
le nouvel urbanisme est inséparable de bouleversements économiques et sociaux heureusement inévitables. il est permis de penser que les revendications révolutionnaires d'une époque sont fonction de l'idée que cette époque se fait du bonheur. la mise en valeur des loisirs n'est donc pas une plaisanterie.
nous rapellons qu'il s'agit d'inventer des jeux nouveaux.
Debord & Fillon ( jacques, pas françois...) in potlatch n°14 ( 30 novembre 1954)
toutes les maisons sont belles. l'architecture doit devenir passionnante. nous ne saurions prendre en considération des entreprises de construction plus restreintes.
le nouvel urbanisme est inséparable de bouleversements économiques et sociaux heureusement inévitables. il est permis de penser que les revendications révolutionnaires d'une époque sont fonction de l'idée que cette époque se fait du bonheur. la mise en valeur des loisirs n'est donc pas une plaisanterie.
nous rapellons qu'il s'agit d'inventer des jeux nouveaux.
Debord & Fillon ( jacques, pas françois...) in potlatch n°14 ( 30 novembre 1954)
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