... MAIS ELLE PERDURE, LA FOLIE

photographie: mat jacob

dimanche 30 avril 2023

Omphalos

 Nuit mandragore, liaisons intestines, ailleurs évanescence, encore seconde quelque ilotisme, voir est revoir cette limite, sorgue assassine, de terrain glissement, ornière telle, discorde phénomène, ronge l'os à la cendre, omphalos, pivot d'absence, abandon atrabile, bordel d'ombres, fièvre inscrite en cet avènement, parmi les divagations proscrites, entre fureurs et confusions, à nos morphèmes sempiternels. 

samedi 29 avril 2023

La crise...

 Mais le temps est venu de vous rassurer. Vous n'avez plus à chercher le nom de l'environnement où vous éprouvez votre vulnérabilité. Grâce soit rendue à l'évolution pathétique du monde, ce qui vous accable est désormais identifiable. Vous pouvez enfin être intimidé par un mot, qui fait à présent exister quelque chose, une clameur à la fois inconsistante et omniprésente, universelle et ultra-localisée, qui fait autorité de Wall Street jusqu'en Papouasie. C'est un mot transculturel qui pénètre votre existence sans cesser de tournoyer dans l'espace métaphysique. Ce mot évoque un trou noir, une matière évanescente, mais, aussi, presque de la chair - presque votre chair: la crise. Si, face à cette commerciale virtuelle, vous aviez, comme moi, éperonné ce petit malaise insidieux, vous auriez pressenti qu'il y avait déjà, dans cette communication des plus ordinaires, tout ce qui définit aujourd'hui la crise financière universelle. Voilà où nous en sommes: vous pouvez bien évoquer une abstraction, la crise, assortie d'un schéma explicatif - "banques endettées - entreprises incapables d'investir - licenciements subséquents" - ce modèle hollywoodien ne vous permet pas d'appréhender votre sort par l'expérience immédiate, autrement dit: par les sens, par l'intellect et par les mots. Au niveau d'une grande entreprise, vous pouvez bien être victime d'une flexibilité professionnelle abusive ou de licenciements que la clameur mondiale réfère à la "crise économique", vous ne pourrez en aucun cas vérifier cette interprétation. Le modèle explicatif n'est pas adapté à votre angoissante existence. Mais il faut renverser les termes du problème et admettre que votre perception de la crise est conditionnée par ce surdimensionnement. Cet événement planétaire ne peut exister sans votre vulnérabilité, sans la mesure de ce que vous ne pouvez vivre, comprendre ou exprimer. Elle vous apparaît comme une entité métaphysique où, sans mot dire, vous investissez vos avatars intimidants, cette cohorte de précaire en tout genre: travailleurs, chômeurs, pressurés, harcelés, SDF, réfugiés, clandestins, malades, suicidés, etc. Cette épreuve ésotérique de votre vulnérabilité est disséminée dans tout ce qui nourrit la rhétorique de l'urgence: dans les articles des journaux économiques, dans les pages des quotidiens locaux, dans le moindre fait divers - puisque le désespoir mondialisé s'incorpore aussi dans les délits, les crimes et les suicides. Mais ce traitement hollywoodien des informations relatives à la crise n'est rien sans une disposition autodestructrice incorporée dans l'existence humaine à l'échelle 1: la conversation ordinaire. 


Extrait de La crise commence où finit le langage, Eric Chauvier, pp36/39, Allia, 2009.

jeudi 27 avril 2023

Horizon quel ?

Soudain tout s'efface, une image émerge, la nausée me renverse. Je recrache un raisin, une cerise rouge. J'ai été piégé. On m'a mis l'entonnoir à histoires, ils m'ont fait avaler le cauchemar, je n'entends plus que le bruit du lave-linge. Et dire qu'il a survécu aux premiers tours. Où courir ? Et dire qu'il nous a regardés à travers le hublot. Le concepteur de la machine n'a pas dû penser à cette éventualité, et dire que je parle et que l'eau de lavage a étouffé son dernier mot. Derrière moi, on met à jour, on relit les gros titres, on écume, on se complait, on montre le portrait. Tant de silences, la violence inouïe de cet instantané, caché, de cette photographie que tant de victimes ne peuvent pas exhiber, mais de ces clichés qu'ils prennent dans leur douleur sans mot.

Ce que l'écorce me dit de l'arbre. Ce que l'arbre me dit du bois. 

Ils me brandissent des faits évidés, avant la sieste, je pars dans ma chambre noire, développer trop longtemps les clichés oubliés tendus par ce nouveau mort, tentant de me souvenir de celui que je n'ai pas connu. 

Extrait de La cité dolente, Lanskine - collection poche, pp.52/53, Laure Gauthier

So long Hélène !

 


Photographie: Julien Doussinault

Source: Laure Limongi

Confer: Bessette ici

mercredi 26 avril 2023

Tumulte.

 Amour dehors. Tumulte. Epiphénomène confins. Ailleurs même. Ondulations latence à l'espace limite. Regards encore à la pénombre. Rien. Tendre une main impossible. Crever sans attendre. Ellipse en sortie. Contemplation d'hier à la confusion. Des traces désordre... 

samedi 22 avril 2023

Making the nature scene

 


SY

Escapade

 Ton hier ailleurs. Errements en hostile sphère. Souvenirs d'après. Récit d'ignorance inonde. D'asphalte en corruption, spasmes. Masque absence. Incandescence même. Estafilade, fractures. Inouïes des cendres. Sombre entendement delà événement. Intrigues. A dessein invisible, ta mire. Voix clandestine. Ailleurs lendemain frasque... 

Or ou air ?

Suicidez-vous à qui 
Tu disais c'est passé 
Ta langue pendue 
Salive des baisers de bronze 
Au creux du mot de mort 
Na na na na da da 
Au coeur au coeur de statuaire 
Garderas-tu
l'or ou l'air

Des sculptures de crachats
Rembarrent nos gueules
Cassées de cathédrales
Béantes auscultées cariées
Au creux de l'île de pierre
Na na na na da da
Au coeur au coeur des eaux
Nos langues s'avalent
un air faux


 Sature minéralement la brute du fouet des rameaux affamés de feu puis d'eau puis d'eau de plomb solo des années noires guitare métal sature le son sale sans riff asphyxié dans la masse du trou la lumière s'engouffre la matière fuse vers le sans-fond s'enroule et tourne tourne particule au jeu flamboyant autour de milliards de fois la masse du soleil
 Ardre tant que toi eux moi lui eux toi partent sans coalescence sans parlent hard au coeur-roc atomique où est la belle en haut ahurie d'air arythmique étonné le bliss sans riff ou rien du souvenir

Veine ouverte de roche
Des cailloux sur la glotte
Qu'est-ce que tu chantes 
Mal ta cascade
Au coeur au coeur des forêts
Na na na na da da
Au creux du lit de pierre
Garderas-tu
l'or ou l'air


Sature minéralement le bliss d'un solo sale ahuri et tourne tourne arythmique étonné


-4- Rock extrait de Nadada in Reprise pp39/40 Atelier de l'agneau Caroline Andriot-Saillant

Folie douce

 Baiseur en paupière fragile et bouche d'ombre. Songe d'une nuit de merdre. Escalade limite profil las. Folie douce à l'abandon. Suce encore oscillations. Crépuscule fugace. Fracture immobile, en mouvement. Tout était là. 

mardi 11 avril 2023

Pornographimse #2


Guesh Patti, Etienne, 1987

Distraction(s)

Musarde au quotidien menace 
Corps crevés distractions 
Subtile démence cette seconde 
Entrelacs fracture ilotisme 
Après scansions encore d'autres 
Ne plus entendre polychrome 
Voir à l'ailleurs une musique 
Etreindre un univers néant 
Chaloir pour quelques instants 
Cette illusion sempiternelle

samedi 8 avril 2023

Baroud

 Que m'indiffère la ligne d'horizon. Même tordue elle est droite. N'existe point que dans nos songes incertains. Loin de là, encore. Déséquilibre à la limite. Fraction d'élan à le seconde. Fission d'ombres. Barnum baroud au crépuscule. 

Pornographimse







Extraits de Les Mains Libres (Poësie/Gallimard)
Textes: Paul Eluard
Dessins: Man Ray



 

vendredi 7 avril 2023

Crap, that's crap

 


Day destroys night Night divides day 

Désarroi diagonal

J'ai tendu le fil des mois 
L'ai passé de clous en clous 
Entre le stress et l'envisageable 
Pour nouer le rêve au réalisable 

Sans modèle ni patron 
A l'intuition 
J'ai rempli le jardin 

D'enfants virevoltant parmi les adultes bières à la main 
Le verbe vole et la joie ondule dans les feuillages 

Tous ces rires comme une aura 
Qui m'ébranle jusqu'au séisme 

Je me jette dans la vague 
Des vivants qui m'accueillent 

L'exil de la chair 
Ce jour 

S'est terminé 


Je dépose mes fracas 
Au pied du lit que tu as fais 
Et laisse au remède l'espace de trouver sa plaie


Extrait de Au bord du bord, Laura Lutard, pp58/59, éditions Bruno Doucey