... MAIS ELLE PERDURE, LA FOLIE

photographie: mat jacob

vendredi 31 mars 2017

Nadja (extraits)


"Qu'on attende pas de moi le compte global de ce qu'il m'a été donné d'éprouver dans ce domaine. Je me bornerai ici à me souvenir sans effort de ce qui, ne répondant à aucune démarche de ma part, m'est quelquefois advenu, de ce qui me donne, m'arrivant par des voies insoupçonnables, la mesure de la grâce et de la disgrâce particulière dont je suis l'objet; j'en parlerai sans ordre préétabli, et selon le caprice de l'heure qui laisse surnager ce qui surnage." (pp.22/24)

"Nadja a téléphoné en mon absence. A la personne venue à l'appareil, qui lui demandait de ma part comment l'atteindre, elle a répondu: « On ne m'atteint pas.»" (p.111)

"Qui est la vraie Nadja, de celle qui m'assure avoir erré toute une nuit, en compagnie d'un archéologue, dans la forêt de Fontainebleau, à la recherche de je ne sais quels vestiges de pierre que, se dira-t-on, il était bien temps de découvrir pendant le jour - mais si c'était la passion de cet homme !- je veux dire de la créature toujours inspirée et inspirante qui n'aimait qu'être dans la rue, pour elle seul champ d'expérience valable, dans la rue, à portée d'interrogation de tout être humain lancé sur une grande chimère, ou (pourquoi le reconnaître ?) de celle qui tombait, parfois, parce qu'enfin d'autres s'étaient crus autorisés à lui adresser la parole, n'avaient su voir en elle que la plus pauvre de toutes les femmes et de toutes la plus mal défendue ? (pp.133/134)

La beauté sera CONVULSIVE ou ne sera pas. (p.190)


in Nadja, André Breton, Folio/Gallimard

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