... MAIS ELLE PERDURE, LA FOLIE

photographie: mat jacob

vendredi 10 juin 2016

Orphiques...

Dans le bateau
Qui tangue,
Avec les bateaux qu'il percute
D'une aurore
Sur la proue
Brille un oeil
Incandescent:
(Mon pas
Solitaire
Boit l'ombre
Sur le Quai)
Dans la lumière
Uniforme
Des bateaux
A la ville
Seul le pas
Qui à la nuit
Solitaire
Se répercute
Dans la nuit
Des bateaux
Solitaire
Répercute:
Si vaste
Si ambiguë
Dans la nuit
Si pure!
L'eau (la mer
Qui s'en exhale ?)
Vers les routes
Dans la nuit
Bat: aveugle
par les routes
Dans l'oeil
Inhumain
De la nuit
D'un destin
dans la nuit
Plus lointain
Par les routes
De la nuit
Mon pas
Bat et sonne.

Bat et sonne (pp.77/79)





(Nuit.) Devant le feu du miroir. Dans la fantasmagorie profonde du miroir, les corps nus se succèdent muets: et les corps las et vaincus dans les flammes inéteintes et muettes, et comme hors du temps, les corps blancs ahuris, inertes, dans la fournaise opaque: blanche, de mon esprit épuisé, silencieuse, elle se libéra, Eve se libéra et me réveilla.
  Je me promène sous le cauchemar des arcades. Une goutte de lumière sanguine, puis l'ombre, puis une goutte de lumière sanguine, la douceur des ensevelis. Je disparais dans une ruelle, mais de l'ombre, sous un réverbère, blanchit une ombre qui a les lèvres peintes. O Satan, toi qui met les salopes nocturnes au fond des carrefours, ô toi, qui depuis l'ombre montre l'infâme cadavre d'Ophélie, ô Satan prend pitié de ma longue misère !

extrait de La journée d'un neurasthénique (pp.92/93)


in Chants Orphiques (Allia) Dino Campana (traduction de l'italien: David Bosc)

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