mardi 31 octobre 2023

Furia

Aucun axe. Point d'abscisse, ni d'ordonnée. Croiser au travers. Souvenir de souffle hier. Territoire clandestin frontière même. A la nuit rien succède. Savoir encore oscillation. Quel est ce monde ? Une musique ? Vibration de corde, tremblement de terre ? Transport à la pénombre. Las, manière de décombres. Flottantes, côtes à l'atmosphère. Merdre partout furia. Ca a expiré comme ça.

Ø

 Au début. Ou au milieu. En fin. De là à là et à la limite de la vie même. Là où on est présent. Est-ce si sûr ? A quoi est-on à chaque heure ou instant présent dans la vie ? A cet instant là. Autre chose. Un état différent. Qui s'arrête se précède. Qui va et vient ici se suit de près. A la loupe. C'est mort comme tout au milieu. Mort et accompli. La moitié qui suit reproduit ça et ce qui précède. On pressent qui va être en état d'être. L'autre ne sera pas cet autre mais dans le même instant le même. Chaque moitié soudée à l'autre qui est déjà froide. On passera une vie à trimballer la chair. Chair de frère au milieu du dos puis au.

(p.65)

La peau qui ne couche pas est de l'os devenu poussière ? Ou sur elle ? Sur la poussière ? Tranche ou non et nous aurons le dos renvoyé dos à dos ici. De quoi ? Est-ce donc qu'une livre d'ordure est comparable à un demi-kilo l'avoisinant ? Image nouvelle de l'égalité ! Ta vie sera ta vie jusqu'à la fin. Nulle vie n'a pas été ta vie. Elle a de ta vie l'image parfaite et l'image en est à l'image qu'est ce qu'en livre ta vie avec ce que l'image de ta vie a à dos tel un sac. Le frère mort. Et qui ne tranche ni ne délie la fraternité sur toi. Poussière d'un résidu de fausse couche. Bon. Cache-la.

(p.107)

Extraits de Revers, Dominique Quélen, Poësie/Flammarion

lundi 30 octobre 2023

Eternel retour


Le Chant des Hyènes, MKB Fraction Provisoire 

F.J. OsSang, dernier des poëtes du cinématographe 

dimanche 29 octobre 2023

Vagabonde - un aphorisme

 S'égarer, sans jamais se perdre. 

samedi 28 octobre 2023

Même là

 Néant rien même là. Confusion flasque intrinsèque. Avenir devant mouvement mensonger. Descente ainsi à la pénombre. A la lie boire. Cette seconde certes. Dispositif obscur, rare terre induite. Voire. Surgir parmi l'avalanche. Déferlement silence. Vide à l'hiatus. Durée pour quel temps ? Hors la ville inconnue. 

Respiramment

 Et la porte est étroite. Parce que, vous avez remarqué, le seul fait de dire notre grand besoin d'air, ou de se l'entendre dire, des fois ça nous suffoque; on s'époumone à vouloir respirer, à avoir à le demander, et le rendez-vous de la parole, comme de la pensée, avec l'état intoxiqué du monde suffit parfois à consumer les parlants. 
 Ici comme ailleurs, se défendre c'est prendre le risque de s'épuiser encore un peu plus. Or trouver à rendre les coups viendra forcément d'un corps vivant, c'est-à-dire d'un corps enfin respirant, qui cesse de s'abîmer. (C'est peut-être comme ça aussi qu'on pourrait regarder le mouvement des Gilets Jaunes: les gens avaient, ont à faire entendre l'évidence de quotidiens asphyxiés, et souvent ils ont perdu beaucoup juste en se défendant contre la situation économique et morale qui leur est faite; ce que beaucoup ont gagné pourtant, c'est un certain goût de l'action solidaire, de l'importance de politiser leurs épuisements, et de la parole vraie, fraternellement échangée - la parole qu'on ne prend pas forcément pour apparaître, mais pour "être vivant et le savoir". Cette parole a vite été reprise évidemment, mais l'expérience d'avoir parlé-respiré cet air-là est imprenable: le bonheur qu'il y aura eu à parler, se parler, et, parlant, entre-vérifier une humanité, est imprenable. "Ce ne sera désormais plus vivre que vivre en aliénant sa parole") 
 On entend pas mal de gens parler d'appel d'air, émancipation, souffle commun; mais pas tant que ça qui parlent en vue du respirable, qui parle respiramment; qui en parlant puissent ouvrir un peu les vannes, pousser la porte, soulever le souffle sans le garder pour eux ni faire gentiment la leçon - sans vouloir clouer le bec à peu près à tout le monde et arrêter le flux vivant de la conversation.

Extrait de Respire, pp 110/111, éditions Verdier, Marielle Macé 

vendredi 27 octobre 2023

ressac(s)

 L'autre menace ? Rien finitude. Bout de monde amer. Las. Nuits intestines à l'os. Rendre. Traverse ailleurs néant. Désordres interstices. Choisir l'ombre. Extrémité de doutes, résistance. Commune limite même. A grand-peine par-delà. Disparition d'effluves hélas. Ce hasard une ivresse audace. A l'autre frontière ressac(s). 

jeudi 26 octobre 2023

mur

Il y au fond du monde un mur vert sombre -, 
J'ouvre les yeux tout à coup dans la nuit et très loin 
Je le vois. Avec je ne sais quelle sorte d'yeux 
Je le vois: remuer, un déhanchement de pierres scellées, 
Etroitement maçonnées. Déhanchement qui est un signe 
Qu'il te fait, et tu entends avec je ne sais quel organe 
De ton corps le grand mugissement qu'il lance - 
Ce grand effort de muet qu'il fait chaque fibre 
De ton être l'écoute et le regarde, et tout ton être 
S'emplit d'une énorme lumière vert sombre et d'un cri, 
D'une huée d'effroi, d'un grand balancement 
De cloche folle et éperdue - muette aussi. Et ce mur, 
Le grand bilieux, tu est toute à cette horrible sympathie, 
A ce partage terrifiant, lui une créature aussi, 
Comme toi - il t'appelle. Epouvanté de toi il n'a que toi, 
Tu es sa soeur et son amour il te pénètre - cette lumière 
En toi et ce grondement c'est déjà lui, ce mur t'aime 
Il n'a que toi à aimer entre le fond du monde et cette 
Petite flamme affolée de ta conscience et rien d'autre 
De vivant à ses yeux et maintenant - tu le comprends 
Comme un frère et comme un amant - il te demande, 
Il te supplie qu'en lui tu entres, ainsi, que tu te loves, 
Que tu t'ensevelisses en lui, ainsi, que tu enfonces 
En lui le cri muet et la brûlure glacée de ta joie, 
De ton horreur. Mur amoureux. Mur de ta mort.

Extrait de Derniers poëmes, Evelyne Nourtier in Le Poteau rose, Evelyne "Salope" Nourtier & Louisa Ste Storm, Le corridor bleu, p.182, avec l'aimable contribution d' Ivar Ch'Vavar 

lundi 23 octobre 2023

Creature...

 


Everything is gonna burn... 

du frisson, le sens...

 premier juillet deux-mille-vingt-deux

madame,

terminées sans adieu les histoires se trahissent. je peine sous mon poids lourd, du passé au levant c'est l'âge sans raison escorté par malchance. amers pour nous guider: le poing, le vent, le sang, l'engrais des déchirures, marteau des solitudes, la note est prévisible, c'est un crâne effrayé qui se casse en tombant. à recueillir et sans espoir, délivrée mais rompue, ancêtres endurent, moi je poursuis. tous les gestes sont morts, récolter les racines ? l'archipel est perdu. désert, vieille guidance, je tourne autour de vous. immobile aujourd'hui, j'ai joué chastement la musique de l'amour. parfois je vois du dieu une fosse commune, le trône innocemment adule sans mot dire: humains, bénissez-vous, personne ne peut vous vivre, l'important c'est ce seuil, aimer à parcourir. qui nous sépare ? le reste d'un printemps, bourreau cette relique étonnée de pleurer de son choix d'enfouir. 

Extrait de Lettres à Madame, p.101, Nathanaëlle Quoirez, Lurlure éditions 

dimanche 22 octobre 2023

En rire

 Toujours l'ailleurs d'un ici. Perspective vaine. Volonté dièse. La nuit l'après-midi. Un univers. Evanescence enlève là. Rien même. Overdose légère. Nuire à l'entendement. Années de misère. Vices de forme à la frontière. Perte d'atomes aux confins. Briser la gangue et ce miroir. A l'angle mort déliquescence. Encore impéritie quelque. Par-delà l'ombre, une affliction. Sans cesse ainsi en rire.  

jeudi 19 octobre 2023

Quelle est cette musique ?

 Je peine à expliquer, à savoir. Corps embrasés à la limite. Sales gueules intestines. Ailleurs encore. Mystère à l'élan. Auscultation/percussion une démence. A l'ouïe clandestine. Fumées délices. Absorbées en éclipse. Nulle part perspective. Horizon dilemme esquive. Un éclat fluide. Puis rien. 

vendredi 13 octobre 2023

61

je suis dans un trou 
avec des mots grouillants 

je peux t'aimer avec ce que 
les mots signifient 

rivière/forêt/route/montagne 

oui je peux 
dans le miroitement général 

elles / eux 

à nos mortalités additionnées 
à la tuerie sans fin - sans fin tous 

et toutes et 
gneiss et désespoir 

pour moi ? - pour 
quoi ? pour la 
pauvre chose 

hors du trou 
rampant dans l'esprit 

frappeur du réel

extrait de Suites Tuoni, Eugénie Favre, p.75, Flammarion

jeudi 12 octobre 2023

Sonatine

 S'oublier pour hier flânerie sauf-conduit misère merdre à l'ennui hermétique licence crépuscule à l'agonie profil à la seconde Cheval d'haleine hors à l'envi après les microcosmes des mystères induits une heure est une année peut-être à aucun horizon paraître un abandon parmi les éphémères largeurs demain défiance et sonatine.

mercredi 11 octobre 2023

Une canne

 Ils s'embrassent. C'est une étreinte de rue, profondément. Elle tient dans sa main une canne. Elle le tient par le cou, presque par la joue, d'une main, et, de l'autre, celle qui a la canne, le serre à l'épaule. Il est de dos et comme un dos, il pourrait rester de dos toujours, avec simplement cette canne, queue raide pas à lui, passée par-dessus bord. En regardant mieux, plus près plus long, on voit qu'elle ne tient plus la canne qu'à quelques doigts, que sa main de canne est tout entière rivée à l'épaule, dévouée aux retrouvailles. Et si la canne n'était cet appendice machinal, cette habitude et cette dizaine d'années, et si son épaule à lui ne la tenait pas non plus - sans chercher d'ailleurs mais par l'effet de la pression - on aurait pu voir, dans la rue, ce matin-là, tomber une canne, du haut serré d'une étreinte. 

extrait de Ce que m'a soufflé la ville, pp78/79, Milène Tournier, Le Castor Astral

mardi 10 octobre 2023

Grace

 


Eternité de l'instant... 

samedi 7 octobre 2023

A se tordre

 Au travers, à se tordre, l'innocence limite dans la nuit éclats de doute lune avide découverte de fibres sempiternelles par delà l'axe oblique une inclination lisière aux confins livides chants d'errance vague obscure confession; malice à l'horizon, manifeste, rire encore, à se tordre, pour au moins quelques secondes.