jeudi 30 janvier 2014

dice...

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Le Dé est mon berger; je n'aurai point de volonté;
Il me fait reposer dans de verts pâturages, j'y repose;
Il me conduit au bord des eaux mortes, j'y nage.
Il détruit mon âme:
Il me mène par les chemins de la droiture
Pour l'amour du hasard.
Et en vérité, tout en traversant cette vallée de larmes et de mort,
Je ne crains point le mal, car la Chance est avec moi;
Et tes deux saints cubes sont mon réconfort.
Et tu as dressé une table devant moi
En présence de mes ennemis:
Tu as oint ma tête de ton huile;
Ma coupe déborde.
Sûrement me suivront, et chaque jour de ma vie
Bonté et merci et mal et cruauté,
Et j'habiterai à jamais ton temple, Hasard. 

Le Livre du Dé




in l'Homme-dé, Luke Rhinehart - aka George Powers Cockcroft - p.312, éditions de l'Olivier, traduction de l'américain par Didier Coste

dead cavanna's

Beethoven était tellement sourd que toute sa vie il a cru faire de la peinture.


toi aussi, camarade, n'hésite point à faire partager ton favori adage du gars cavanna....

mardi 28 janvier 2014

anévrisme...

en plein coeur décharge lasse et vinasse ciel et valse belle affaire l'errance en guide sanguinolent quelle est cette frontière vibre la lèvre effrontée par-delà l'intense psalmodié ici encor élan ruelles clandestines ailleurs est le spasme incertain infracassable noyau de nuit parmi les vibrations passagères non et je suis là non rien n'existe que cet horizon fol & vain encor cette ombre lente comme une sentinelle... indécise elle est, que trop  ne le sait...

samedi 25 janvier 2014

ne rien laisser derrière soi

   Hier j'ai peut-être trouvé la formule pour exprimer le futur cinématographique - ma lettre à Janine Bazin :

    " Très chère amie,

    (...) Les français me dégoûtent. Plus je les vois manoeuvrer ici, dans le plein jour d'une institution culturelle morte-vive, plus je découvre les principes généraux  du pourrissement.
     Nous pourrissons par la tête. Comme les poissons morts. Hypocrisie, vanité fatale - la vanité d'être déchus, entrés en décadence quand on est juste lâche,  que la vie frappe aux vitres, mais qu'on l'étrangle de peur qu'elle dénonce l'impuissance.
      Au fond c'est de tout cela que parle Au Nord de l'Aurore, via l'itinéraire de deux desperados mis en scène... Pourtant j'y crois toujours !
       J'ai envie de dire: A Bas la Culture, mais je sais que le cinéma protège. Le Kino est ailleurs, c'est une opération magique: Qu'on l'Ose, Tout se Matérialise. Le Cinématographique n'est pas de la sale culture, c'est du Réel qui Rêve du Réel.
       Plus personne ne croit à la magie du Kino.
       Ils liquident en douceur, et ils ont tort: ils ne récupèreront rien du tout. Comme les grandes civilisations, le Cinéma ne se laissera pas stupidement crever, il se suicidera de ses propres doigts argentiques, et cela fera mal ! - disparaissant, il engendrera une mutation de conscience et de perception aussi forte que sa naissance a engendré.
        Et je VEUX, parce que je sais que je dois, être l'un de ses pilotes-suicides (...)


        Le cinéma devra (peut-être) se trucider pour tout bouleverser par le fait de son anéantissement, crever de mort violente pour désamorcer la combine.
        Salopes Mensongères à vos marques: le Kino lève le voile !



in Au Bord de l'Aurore, pp 143/144, F.J. Ossang (éditions warvillers)



vendredi 24 janvier 2014

cold song





Klaus Nomi, Cold Song, B.O.F.  A Nos Amours de Maurice Pialat

Cet univers est errance dans la nuit incertaine au moment imminence solitude mensongère - à peine, elle semble ironique la félicité. Ainsi exactement quelque esprit insincère défie les éléments. Pour rien encore des secondes... soit. Ta pensée, la noblesse de la friche et plus encor... Survivre à cette goutte et à tes lèvres... Voire. Ta résine indocile ici ailleurs et ces intrusions ivres ou lentes. Après le canal et l'instant dégueulasse , l'enveloppe est cape à la recherche vaine. Confidences modernes à l'indifférence, secrète est l'engeance, à poursuivre sans peine... Là n'existe point...

vendredi 17 janvier 2014

sortilège...

depuis longtemps l'aberration, et son chant sourd inlassable, une seconde pour dix mille ans,  ligne instable d'errance...  avec le temps quelque inférence blême, puis non... la liberté n'existe pas, ni les passions mensongères. connaître la fuite même encor; intense vaine cette intervention... ironique extrême invariable ce son . & la captivité... irréelle intensité, pour nous et pour tout le monde... vivre avec peine. tourner en rond. tourner en rond. faire semblant, pour au moins quelques secondes. faire semblant. ici même, las, là...

mercredi 15 janvier 2014

l'avenir est loin...



(...)

   
   Est-il possible que ma raison et mon désir me fassent d'abord connaître l'avenir dans ses contours glacés et que je n'entre dans la réalité de ce même avenir que progressivement, tiré et poussé par eux ?


   Il nous est permis de prendre dans notre propre main la volonté, ce fouet, et de la brandir au-dessus de notre tête. 

in Journal, 16 octobre 1916

vendredi 10 janvier 2014

Jamais je ne dors...

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    Jamais je ne dors: je vis et je rêve, ou plutôt, je rêve dans la vie comme dans le sommeil, qui est aussi la vie. Il n'y a pas d'interruption dans ma conscience: je sens ce qui m'entoure si je ne suis pas encore endormi, ou si je dors mal; et je commence à rêver aussitôt que je m'endors réellement. Ainsi suis-je un perpétuel déroulement d'images, cohérentes ou incohérentes, feignant toujours d'être extérieures, les unes interposées entre les gens et la lumière si je suis éveillé, les autres interposées entre les fantômes et cette sans-lumière que l'on aperçoit, si je suis endormi. Je ne sais véritablement pas comment distinguer une chose de l'autre, et je ne saurais affirmer que je ne dors pas quand je suis éveillé, ou que je ne m'éveille pas alors que même je dors.
    La vie est une pelote que quelqu'un d'autre a entremêlée. Elle comporte un sens, si on la déroule et qu'on l'étire tout du long, ou si on l'enroule avec soin. Mais, telle qu'elle est, c'est un problème sans noeud propre, c'est un enchevêtrement dépourvu de centre.
    J'éprouve tout cela, que j'écrirai plus tard (car j'imagine déjà des phrases à dire), alors qu'à travers la nuit du semi-dormir, je perçois, en même temps que les paysages de songes imprécis, le bruit de la pluie au-dehors, qui les rend plus imprécis encore. Ce sont des devinettes du vide, lueurs tremblantes d'abîme, et à travers elles filtre, inutile, la plainte extérieure de la pluie incessante, abondance minutieuse du paysage de l'oreille. Un espoir , Rien. Du ciel invisible descend à petit bruit la pluie-mélancolie, qui fuit sous le vent. Je continue à dormir.


in Le Livre de l'Intranquilité , volume I, p.150, de Bernardo Soares, aka Fernando Pessoa, traduction Françoise Laye, Christian Bourgois éditeur

mardi 7 janvier 2014

cette imprudence...


Faites Monter (Bashung - Fauque/Bashung - Bource)
réalisation: Claire Denis