samedi 25 janvier 2014

ne rien laisser derrière soi

   Hier j'ai peut-être trouvé la formule pour exprimer le futur cinématographique - ma lettre à Janine Bazin :

    " Très chère amie,

    (...) Les français me dégoûtent. Plus je les vois manoeuvrer ici, dans le plein jour d'une institution culturelle morte-vive, plus je découvre les principes généraux  du pourrissement.
     Nous pourrissons par la tête. Comme les poissons morts. Hypocrisie, vanité fatale - la vanité d'être déchus, entrés en décadence quand on est juste lâche,  que la vie frappe aux vitres, mais qu'on l'étrangle de peur qu'elle dénonce l'impuissance.
      Au fond c'est de tout cela que parle Au Nord de l'Aurore, via l'itinéraire de deux desperados mis en scène... Pourtant j'y crois toujours !
       J'ai envie de dire: A Bas la Culture, mais je sais que le cinéma protège. Le Kino est ailleurs, c'est une opération magique: Qu'on l'Ose, Tout se Matérialise. Le Cinématographique n'est pas de la sale culture, c'est du Réel qui Rêve du Réel.
       Plus personne ne croit à la magie du Kino.
       Ils liquident en douceur, et ils ont tort: ils ne récupèreront rien du tout. Comme les grandes civilisations, le Cinéma ne se laissera pas stupidement crever, il se suicidera de ses propres doigts argentiques, et cela fera mal ! - disparaissant, il engendrera une mutation de conscience et de perception aussi forte que sa naissance a engendré.
        Et je VEUX, parce que je sais que je dois, être l'un de ses pilotes-suicides (...)


        Le cinéma devra (peut-être) se trucider pour tout bouleverser par le fait de son anéantissement, crever de mort violente pour désamorcer la combine.
        Salopes Mensongères à vos marques: le Kino lève le voile !



in Au Bord de l'Aurore, pp 143/144, F.J. Ossang (éditions warvillers)



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