vendredi 26 septembre 2014

mödern (jeunes gens)


quand la modernité tranche ses veines au rasoir électrique l'inélégance est ce combat par-delà les lignes & les ruines parfois la machine ne répond plus alors on ne dort que d'un oeil torve après l'errance en la pénombre qui existe en ce miroir à désinence hier ou même hier ou même flagrance incertaine échappée belle & insane je te vois merdre après l'étole s'exacerbe l'intention ne sais pas sais plus bien peut-être là nous sommes langoureux ou presque ailleurs encore de fantômes point cette errance matérielle s'éploie pour à peine une circonvolution vertige n plus un la scène en interstice méprisable la nuit mödern a son charme comme une stase après la transe égarement second véhémence souveraine sa foudre en turbulence une innocence même mödern hier confusion is sex cette intense abandon inhérence à ta parole indifférence être encor...

jeudi 25 septembre 2014

de braise...

La lampe à pétrole, dans ma main, fit avec moi un bond, et la secousse fit tomber l'abat-jour laiteux. L'armoire m'asséna un coup que je ne pus que de justesse parer du poing, mais ses battants continuèrent à s'acharner sur moi. Ma femme vacilla derrière la grille de son tablier, tenant une table entre ses mains ! Les vitres tintèrent et bronchèrent en ruant dans leur cadre; une tasse s'élança dans l'air et retomba entre mes pieds écartés; l'air jumpait (heureusement que toutes les fenêtres, estivales, étaient ouvertes !); je fus précipité à travers des portes, tête baissée, dansai désordonné sur l'escalier qui titubait, et m'affalai au milieu des gens sur le pas de la porte.
" Ils attaquent l'Eibia !!" le vieux Evers hurla et tremblait comme un manteau noir, j'attrapai Käthe saisie au hasard et nous galopions déjà, premier secours techniques, derrière le vent dans cette direction sombre, nos semelles claquaient, on enjambait les barrières; deux corneilles grasseyaient à nos côtés; l'une des deux se tournant vers moi me lança un hargneux: Crass !! Crass !!
De nouvelles secousses formidables, et les maisons là-bas faisaient entendre des rires déments, des éclats aigus de vitres et de verres. Le pot au noir applaudissait de ses poings tonnants, explosine et mille détonations lançaient leurs grappins vers l'horizon. (Aujourd'hui, les éclairs hameçonnaient de bas en haut; et chacun, jupitérien, é-tonnait grandement et frappait de stupeur le nuage où il disparaissait !)
La longue route tressauta. Un arbre nous désigna de son doigt énorme, tituba plus avant et referma derrière nous la prison de son branchage. On grimpa par-dessus la terre à carreaux rouges, à travers des ruines nourries de flammes, on mastiqua à pleines mâchoires un air gélatineux au goût de fumée, on repoussa de nos paumes nues des éblouissements assourdissants, et nos pieds palpaient le sol toujours plus avant, dans nos chaussures aux lacets emmêlés, toujours soudés l'un à l'autre. Des pointes de feu lacéraient nos fronts jusqu'à la défiguration; le tonnerre nous brassait peau et pores, enfonçant dans nos bouches des baîllons d'éboulis: et à nouveau des lames énormes nous trituraient menu.
Tous les arbres déguisés en torches (sur le Sandberg): tout un front de maisons trébucha et faillit basculer sur nous, une écume de soie rose au coin de la gueule béante, aux yeux des fenêtres, des flammes vacillantes. Des boulets d'acier hauts comme des maisons déployaient, noirâtres, leur grondement autour de nous, meurtrier déjà leur seul écho ! Je me projetai contre Käthe, l'enveloppai de mes bras obstinés, et arrachai de là ma grande costaude: la moitié de la nuit se déchira, alors nous tombâmes, morts, au sol, sous l'effet du tonnerre (malgré tout, opiniâtres, on regrimpa hors de là, désemparés, cherchant notre souffle dans tous les volcans).
Deux rails s'étaient détachés et partaient à la pêche, en pince de crabe; leur tenaille se retourna, passa, formant un arc qui sonnait harmonieusement au-dessus de nos deux têtes (et nous courûmes et nous aplatîmes sous le lent fouet d'acier). En dessous, quelque chose frappa, avec un défi rageur, contre nos os: la gueule d'un tuyau s'ouvrit, déversant tranquillement ses acides.
Toutes les filles ont des bas rouges; elles ont toutes du vermillon dans leurs seaux: un long silo de poudre se scalpa lui-même, laissant déborder son cerveau efflorescent:par en dessous, il se fit hara-kiri, balançant plusieurs fois son corps monumental au-dessus de la boutonnière sanglante, avant, d'un jet, de se séparer de sont tronc. Des mains blanches s'activaient, s'affairaient partout à la fois; certaines avaient dix doigts sans phalanges, un seul était fait de nodosités rouges (et au-dessous de nous la grande danse des socques de bois marquait la cadence !). Les HJ grouillaient comme des loups-garous paramilitaires. Les pompiers, sans but, s'activaient. Des centaines de bras jaillissaient des cicatrices de l'herbe et distribuaient des tracts de pierre, et sur chacun s'inscrivait "Mort", grand comme une table.
(...)


in Scènes de la vie d'un faune, pp 146/148, Arno Schmidt , traduction Nicole Taubes, Tristram Editions.

Schmidt, encor ici ou


samedi 20 septembre 2014

on n'est pas des écrivains

on est des ratatinés. on a à voir avec le ratatinement. on s'écrase au plus profond. on n'est pas profond. on n'a rien à voir avec ce qui fait l'écrivain. on est dans l'écrit. l'écrit c'est-à-dire on s'oublie. on est portés comme disparus dans le langage. c'est la notion de parler qui fait défaut. c'est la notion d'avoir des relations. c'est la notion d'être. c'est la notion d'en vouloir et d'être. alors qu'on nous a posés là et qu'on n'en bouge pas. c'est tout dedans que ça remue. c'est quelque chose en dedans qui fait son remue-ménage. c'est même pas nous. nous on sait pas qui on est. on serait des nôtres. mais on est déjà pas là avec le personnage qui est en moi. on a rien à voir avec un mot qui écrirait. ni un nous. l'époque est au nous. mais l'époque n'est pas à un nous scientifique. ni a un nous microbien. c'est le nous-nous noué à l'humain. c'est dégueulasse. l'époque dégueule du nous à travers nous. nous ne sommes pas du même bois que ce nous. nous sommes toujours avec le métal. nous sommes avec les vitres et les poutrelles. et nous sommes toujours d'accord avec les microbes et l'électricité. nous sommes profondément envieux du nucléaire. quoiqu'il arrive, les philosophes ne gagneront pas la guerre ouverte au langage sans nous. le nous tout nous-nous et noueux qui broute pour sa chapelle. des grosses vaches. des gros culs d'ego portés. des portés de pelotons d'ego noués. voilà ce qu'ils sont tous les humains qui parlent trop. ils s'aiment en paroles, c'est la parole qui fait l'amour. l'amour n'existe pas sinon. c'est toute l'articulation. c'est la modulation de fréquence. c'est le bon ton et la bonne gueule à bégayer des je t'aime qui font que ça s'amourache dans l'herbe à vache, mais les vaches s'aiment autrement. on aime autrement quand on est veau, vache ou cochon. on n'a pas besoin de savoir quoi dire à sa fiancée. on la roule dans la bouse. on lui patine mollement le museau. on s'en fout des mots. tous les mots des seigneurs de mots. tous les potages imbuvables à la science à parler. on ne veut plus parler. on veut braire.


in  Pamphlet contre la mort pp 130/132, Charles Pennequin, P.O.L.

Corps-à-corps

Solitude/Lassitude/Etanche/Intense
Voir après/Voir même
Anomalie en la pénombre
Ta mèche/Mon entendement
Et sans savoir explose...
Explore/Hier/Raisonne
Instant présent surprend encor
Parmi les traces/Close-combat
D'amertumes en désaccords
Perplexes/Elan d'hiver
Après la zone
Errance même en immanence
Corps-à-corps
En fuite flamme/Fougue d'ambre
Toujours le manque
Ensuite la façon/Cet achèvement
(Aucun express) Félicité
Certes une exécution sommaire
Aussi demain/Encor hier
Vénéneux en cet état...




lundi 15 septembre 2014

frontières

après l'heure éphémère dormir non élégance parallèle par-delà cette esquisse ton mensonge ma vie vertige certain écume étourdie frissons herméneutique même à l'abandon carences en ces temps certes j'attends rien quelque instant après l'autre seconde esclaves ces destins inhérence nomade balade insane à la limite quand l'autre est le même singulier indistinct parmi les ans encore un élan après cette onde vaine ignore l'espace ignore le temps encor cet hémisphère plonge un certain temps frontière lointaine mienne pourtant.

Nervure.

J'avance dans la fièvre d'hier, dans celle de
demain, bouleversée et seule dans la
farandole des baisers où je veux me tenir.

Comment faire, ici, dans ce temps
géométrique qui me traverse et fuit ?

Qui avale le paysage, la terre plus dure que
du ciment ?

Allers et retours du saule à table sur la
terrasse.

Allers et retours des vignes aux bacs de fleurs
jaunes et bleues.

Ici, puis là. des va-et-vient. Là. Ici. Nulle part.

Jusqu'à l'échappée d'une phrase qui m'inonde.

pour me rappeler la pesanteur du bandeau sur
la bouche.

La faim impatiente.

Mais l'abandon du corps ne résiste pas à ce qui fond de ta langue,
des mots incendiés pour les siècles des siècles.



in La nuit se sauve par la fenêtre, Pleine Page, p.63, Brigitte Giraud


anamour...

espace fini en territoire lâche ubu rien à coups de flot inonde l'étroite trace lasse à peine un quart de sa valeur quand à être là l'azote ne vaut pas l'abandon merdre filant(e) la métaphore comme l'étoile nous sommes ce vide incertain qui enserre via déroute innocente dernière éreintement à l'ambre parmi le continent anamour lent ces feintes & simulacre intestin en stratagème y croire encore après la fin indécise quand bien même...

mardi 9 septembre 2014

vivre.

j'aurais voulu être un numéro pour pouvoir faire mon artiste.

samedi 6 septembre 2014

incendies...

après rien se soulève par blocs une terre incertaine à l'agitation même branlant errement encor la trêve non rien n'existe à peine quelques vers libres alors entre deux hémisphères une composition même... ne rien savoir après la faille intolérance au fer nos landes encor langueurs intenses au zénith même. je le crains. et je te sais vertige à l'entendement. jelly roll. merde. encore hier. tu le sais presque. après demain encore le même, cette errance à la nuit... incendies à l'intime, adresse factice à la trépidation blême... ailleurs par-delà précipices...

(2 juin 1967)

Aliéné. Détaché de liens. Avec qui, avec quoi ?
A c'est a, c'est non, c'est dé, c'est alors rien. Des liens.
Mais à quoi bon être des liens. Pour être lié ?
On ne doit pas être lié.
Les liaisons sont dangereuses, même non érotiques.
Etre étrange entre étrangers. Cela suffit.


Les liens de la famille sont des liens avec des Etres étrangers. On naît sans être lié, au contraire, pour se détacher des liens.
On naît alors aliéné. C'est nécessaire.
On doit être aliéné. être lié est infecte (sic).
Etre lié est insupportable.


Alors le vrai nom d'un Aliéné doit être: le déliéné.
Il n'y a pas d'Aliénés que chez les fous.
Seulement les fous fous disent: au lit on dort, pendant que les déliés disent: on ne dort plus, cela lie des liens.



in Une anthologie poëtique, Raoul Hausmann, p.179, al dante/transbordeurs

vendredi 5 septembre 2014

Poëse...

Aliénation. Illégale point échange. Convergent l'errance et les sangs. Non-lieu merdre lien. En ta main sa langue fragile. Calendrier las désespérance. Nuit ainsi nuit encor. Inextricable encan après les métaphores... Ta merdre rien hématome au monde message circonstancié. Pas sans pas attendre. Antagonisme après l'ombre, tremble et puis ces cris. Poëse est après l'écart une vaste gangue blanche  L'univers n'existe pas mais se réchauffe parmi nous ! Spasme indélicat en frontière dernière... escroquerie pour tous... dada n'est pas après l'aura un personnage intrinsèque. Poësie même... Merdre... Ta peau et tout le saint-frusquin...

lundi 1 septembre 2014

Before S.Y.

© Felipe orrego
N.Y. Subway, 1970's, Kim Gordon...