samedi 2 mars 2013

au nombre de sept...

La belle Assyrienne aux chevilles de nénuphar se déshabille devant un poisson de courant d'air qui n'est ni jeune ni gai et n'a plus d'espoir que dans les veines des femmes. Celles-ci ont aujourd'hui le plus grand souci de conserver à leur colère cette forme de table rase qui leur va si bien. Une d'elles, démoniaque et blonde, descend des arbres centenaires en roulant les hanches pour le plus grand plaisir des oiseaux qui crient une romance patriotique dans le genre du Chant de Départ. Les feuilles en pâlissent et laissent couleur tout leur lait sur les citadins vêtus de verre et de flocons de neige. Ils prient les écorces amères de leur donner une joie suave comme un fleur qui vient d'éclore dans un vase ancien somptueusement décoré de pièces d'horlogerie et de serrures. J'entends justement une serrure qui grince dans un arbre dont les racines plongent dans la lune et les feuilles abritent le soleil. Qui est là ? - Nestor, répond la clef qui tourne avec une lenteur tragique, susceptible de provoquer chez d'autres des troubles pathologiques graves. Dans un jet de porto voici Nestor, plus héroïque que jamais. Il coupe sa chair en quatre par pure charité, mais elle ne peut pas satisfaire  les pauvres assemblés qui demandent les tables de la Loi. Nestor s'en désole et invoque les divinités de la mousse. Celles-ci répondent à son appel. Elles sont au nombre de sept. La paresse qui a une robe de ronces. L'envie qui porte sur sa tête un pot de lait aigre. La colère qui tient dans ses mains une poignée de macaronis. La luxure qui est tatouée de sexes et porte une couronne de foutre sculpté. L'avarice qui prit dieu  de lui donner une barbe de bois mort. Le désir dont les bras se tendent vers un oiseau qui accourt du fond de l'horizon tenant dans son bec une inappréciable cravate. Le suicide qui porte un manteau de revolvers et crache des flammes bleues.

toutes les sept sont réunies autour d'une marmite qui bout sur un feu illusoire. (...)



in la brebis galante, benjamin péret (les perséides) pp 69/70

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