samedi 8 juillet 2023

Corps-monde

 Dans ma tête, j'avais sonné l'heure, petit être enfoui dans les brumes d'un monde incandescent, et qui sonne et qui tonne, petit grain évaporé près du feu des autres, parti dans la nuit sans promesse, non, l'après-midi sans retour, brûlé avant d'avoir vécu, mon petit blé vert, je ne t'oublie pas. D'avoir brûlé avant tu n'as pas moins été, déjà, au coeur de l'âme, enfoui au corps profond, nénuphar sans parfum à la portée des anges, éclos de nuit où les oiseaux grandis se retrouvaient, mon coquillage des mers violine, mon tout petit marqueur des sables, mon baromètre des pluies secrètes et des orages tus au ventre. Tu as volé sans aile et sans savoir, tu as volé porté par le désir, tu as traversé le ciel opaline, là-bas on t'a vu débarquer, là-bas sur le parvis éternel, des maisons ouvertes à tout vent, des lagons caressants, au royaume des croyants fous et bons, des figures bienheureuses où partagé de tout coeur, notre corps-monde est plus vaste et plus clair.

Extrait de Sténopé Christine Guinard p.19 éditions unicité

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