Viens, donne, cède-moi toute ta force!
De loin un mot murmure tout bas au cerveau brisé
Son calme cruel, misérable soumission,
Adoucissant son craintif respect comme à l'âme prédestinée.
Cesse, amour silencieux! Mon destin!
Aveugle-moi de tes proches ténèbres, ô aie pitié, ennemie bien-aimée de ma volonté!
Je n'ose résister à ce froid contact que je redoute.
Retire de moi encore
Ma vie lente! Penche-toi plus profondément vers moi, tête menaçante,
Fière de ma chute, le prenant en pitié et te souvenant de
Celui qui est, celui qui fut!
Encore!
Ensemble, repliés dans la nuit, ils gisaient à terre. J'entends
Au loin les mots murmurer tout bas à mon cerveau brisé.
Viens! Je cède. Penche-toi plus profondément sur moi! Je suis là.
Dominatrice, ne me quitte pas! Seule joie, seule angoisse,
Prends-moi, sauve-moi, apaise-moi, ô épargne-moi!
Une prière, James Joyce, extrait de Musique de chambre et autres poëmes, in "Je ne voudrais la manquer pour rien au monde, miss livrie de la nerthe.", p.111, La Nerthe, traduction Philippe Blanchon
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