nous habitons disney
son univers impitoyable-
ment fluide
aux angles arrondis
depuis nos pavillons
les trajets tout en courbes
de bézier s'évitent
cellulite photosphopée
meubles lisses
amortissent les chocs
autour du village auto crade
l'herbe oscille comme une fourrure
animée en 3d
mais le déluge approche
apprenons vite à vivre
sous l'eau sous le règne
des gafa gaffe à
l'indigestion d'algue
au rythme des infos
et usage d'infos
(...)
pour voir une infamie
filmée dont les auteurs
se sont dissous dans le faisceau
des preuves (le nombre d'éborgnés
chez les manifestants
résulte-t-il de la conception
de l'arsenal policier
de la haine des agents
de la volonté du ministre ?
dans la zone assiégée
le nombre d'amputés est-il
imputable à la longue portée
des fusils pointés près
à l'état sanitaire de la bande
où les plaies se gangrènent
à la haine des tireurs
à leur mansuétude ?)
on détourne les yeux
puis dans le coin
du champ la tache
translucide apparaît
sur l'écran sous une lumière
rasante (si nul
n'a entrepris de mutiler
combien y trouvent leur compte ?)
pp.28/29, puis pp.239/240, divers chaos, Pierre Alféri, P.O.L., 2020
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