A force de m'étrangler.
A force que tout devienne miteux, crachat, ou ce silence buté que j'escalade pour me laisser glisser à moitié sonné. Vous ! Coulées mortifères, gardiens des temples, fratricides !
Né colère, je suis entré dans mon nom en marchant sur une bille. Grand écart mais buste I bien droit. On n'aura dit longtemps que la première syllabe de mon prénom, le garçon, le fils, Il. Une abréviation finie alors que ce qui suit semblait rester dans l'indéterminé. Rapidement, j'ai donc remis à plus tard l'enjambée qui m'aurait conduit les pieds au mur, à cette torsion que j'aurais dû faire pour devenir entier. Reste qu'il est bien possible que j'aurais mieux marché sur mes mains, même si ma peau était sensible. Mes jambes auraient battu l'air. La tête en bas m'aurait moins amené à l'insulte tant j'aurais dû me concentrer pour tirer mes poumons vers le ventre.
Aujourd'hui, de retour des tombes, les tripes chamboulées, je pense femmes, filles grossières du quartier, armées de guirlandes de roses et battant du talon. Je pense à la blonde de l'autobus dont la tignasse me chatouillait le nez quand j'ai profité d'une accélération, m'approchant sans peine de ces quelques fils dorés qui flottaient et que j'ai fait miens, un instant, avant qu'elle ne glisse sur le trottoir m'obligeant à regarder la brune dont l'agressivité se percevait dans les narines blanches et ces rides d'expression sans âge qui lui barraient le visage. De la douceur, il y en avait cependant dans le grain de peau de ma voisine de gauche, un velouté sur lequel j'aurais bien caressé ma joue. De l'ardeur dans les phalanges de celle-ci qui empoignait la hampe. Un homme, les écouteurs sur les oreilles, tapait le rythme du pied.
Je ne sais quelle langue je parle, ni de quoi est fait ce texte que je deviens et auquel je ne tiens que d'un doigt.
S'en foutre. Evidemment faux. Parade.
extrait de "A vous tous, je rends la couronne" pp.14/15 Quidam éditeur Catherine Ysmal
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