Comme un homme qu'un sommeil indésirable gagne se cogne la tête, j'écris. Dans un accès de santé, ce matin, j'ai décidé d'écrire, et d'écrire un journal. Il ne s'agit pas, bien entendu, de journal, de toutes les besognes la plus injustifiable, mais d'un effort suivi. Justifier, expliquer, montrer, associer, situer et autres passe-temps littéraires, ne peuvent être ici d'aucune validité, d'aucun secours; j'ai - peut-être - une chance de trouver, de retrouver plutôt, un moyen de respirer, ou, pour mettre la raison du mauvais côté, de perdre cette qualité d'inertie. Et, s'il le faut, hygiène pour hygiène, j'irai jusqu'au quart d'heure obligatoire de culture physique chaque matin. Quitte à tout abandonner dans un grand rire à l'époque du retour à la paresse, à ma chère lâcheté.
Des faits, ceux de la santé du corps; les autres apparaîtront d'eux-mêmes à leur tour: la semaine passée, j'ai eu pendant la nuit une crise de
delirium tremens, récompense de six ou sept années d'ivrognerie et d'une longue année de drogues; manifestations du D. T., telles qu'on les lit dans les manuels, à l'exception des serpents qui s'étaient abstenus, avec pour celle et intermittente conscience alors, la peur, la peur panique d'un homme qui se sent devenir fou.
J'ai eu peur. Je me soigne par peur. J'écris par peur. Nouvelle lâcheté. [...]
par Man Ray...
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