mercredi 6 avril 2016

Persona...

p.232, © Chris Morret

CHAPITRE XXXVIII

  Vers le fin des années quatre-vingt-dix, la scène musicale expérimentale underground avait pris énormément d'ampleur, en partie grâce à Internet. après Nirvana, la musique mainstream a repris sa fadeur habituelle, où le grunge n'était rien qu'un stratagème de plus pour vendre un gros rock chiant. malgré tout, la scène underground était bien vivante et continuait de s'étendre. la musique redevenait intéressante, grâce à des groupes bruitistes comme Wolf Eyes et Lightning Bolt, et de plus en plus de femmes apparaissaient dans un milieu réservé autrefois aux collectionneurs de disques exclusivement masculins. Quand Sonic Youth a joué à Détroit, un trio appelé Universal Indians a fait notre première partie, et une fille du groupe grattait les cordes de sa guitare avec une grosse pierre - je n'ai jamais rien vu de si sexy sur scène.
 Avec l'argent qu'on s'était fait grâce à Lollapalooza, on a ouvert notre propre studio sur Murray Street; c'est ce qui nous a permis de diffuser notre musique avec notre label, Sonic Youth Records, ou SYR. Notre but était de sortir des trucs moins commerciaux, plus expérimentaux, qu'on aurait pas à promouvoir. J'écoutais beaucoup Brigitte Fontaine, la chanteuse française des années soixante et soixante-dix et, à un moment donné, on a fini par jouer sur son nouveau disque avec son compagnon Areski Belkacem. Le morceau de Sonic Youth "Contre le sexisme" est inspiré d'elle. c'est également à ce stade que Jim O'Rourke s'est mis à collaborer avec Sonic Youth; il a joué sur notre disque Goodbye 20th Century, dont Willie Winant, mon vieil ami d'enfance, a été le fer de lance, nous guidant à travers les partitions, qui peuvent être assez abstraites.
 Pendant qu'on enregistrait A Thousand Leaves, mon père est mort suite à une pneumonie contractée dans une maison de retraite. Chaque fois que je pense à lui, je suis encore submergée de tristesse; il avait beau être un de ces "pères distants", comme bien des hommes de sa génération, il a toujours été bon et compréhensif, un être très doux. Je n'étais pas à ses côtés lorsqu'il est mort, et je le regrette amèrement; le temps que j'arrive à LA, il était déjà parti. Même aujourd'hui, j'ai gardé cette envie de le protéger. Il s'agit d'une impulsion motivée par un sentiment de culpabilité que j'ai tendance à adopter avec les hommes, de Keller jusqu'à Thurston.
pp 267/268, traduction Suzy Borello

p.310, © Charles Peterson

  Kim Gordon  Girl In A Band  (Le mot et le reste) 

Demie Clocharde (when Brigitte Fontaine meets SY)

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