dimanche 20 mars 2016

Dire...


L'être à personne



Dans la durée dire la lecture comme on prononce la prière que certaines petites filles inventent parce qu'elles sont soeurs
Une certaine femme dans le couloir récite des mots dont la compréhension achève l'enfance
Son accent signe l'enchantement des signes qu'aujourd'hui ele dément avec folie
Tu m'as demandé de tutoyer l'écriture mais je ne la connais que depuis une chambre d'enfant depuis les poupées les secrets et ces images de saintes, toutes actrices dévorées par des lions
Tu m'as demandé l'être et j'ai attendu entendu le désêtre: une vie de lecture qui ne sait que
crier malmener les préfixes les enfants les souvenirs


d'entre les vivants


la faim intense n'est jamais belle alors que je confonds avec la fin le goût des mots

(...)

J'existe par ce que je lis et lie

Toute durée lue 
Accueille l'évasion en écart
Tu es cet instrument caressé
de bois vêtu

Mon corps poli par l'artisan de l'âme
Dont le livre
Typographiquement

Hésite

Cette figue-collier à la lumière porte le nom
Un matin d'atelier
Toutes les lettres dans la cuisine
Château, Antibes

Si parfum café auprès de chaque carreau
Derrière la vitrine les travaux en ville
Ta chambre fermée
Prise dans le triangle Menton-Mende-Morgat

Contre tes livres contre tes lèvres m'endors
Toute table est de nuit
Sans sommeil, l'insensé rappel
Amour mal écrit est-ce à dire mal lu ?


in lettres au corps, Anne Malaprade, pp.39/42, éditions Isabelle Sauvage

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