lundi 15 février 2016

Ma langue maternelle est le foutre.

© Gilles Berquet

 (...) Dans ma main gauche, une enflure. Et le foutre que je bois ne me nuit pas car j'ai la bouche simple et sincère, les yeux innocents.  Je m'exprime tantôt par des mots clairs, tantôt cachée derrière des mots obscurs. « Je ne parle pas contre toi seule. » Ce qui est mon histoire et ce qu'elle raconte essentiellement, il me faut l'écrire/le dire maintenant. Ce à quoi je dois tendre. j'ai de plus belles mains et de plus beaux bras. je me faufile aussi vite et adroitement que possible lorsque je suis empoignée par les jambes et précipitée sur le sol. Pas de cheminée, une porte devant, une autre derrière, une petite ouverture percée dans le mur - pour être aimable - on dira une fenêtre.  J'ai avec moi un cochon et quantité de volailles. C'est possible, dit le gardien, mais pas maintenant. Il est assis sur un tabouret. Il fait de nombreuses tentatives pour juter. J'accepte tout, c'est vrai. Je tombe en enfance. Je maudis ma malchance sans égard et à haute voix. Lui, se borne à grommeler entre les dents. J'ai des puces dans ma fourrure. A présent, je n'ai plus longtemps à vivre. Il crache dans mon oreille Tu es insatiable pour bien atteindre mon tympan. Il est pareil à moi, il est mort. (...)

extrait de Tendre à.  Marie-Laure Dagoit  (Derrière la Salle de Bains)

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