vendredi 20 février 2015

Possession, voire...

Perrine Le Querrec, sans titre, 2012

Langue (février 2013)
j'entrouve mes lèvres
je me balbutie
j'enfonce mes doigts
un à un les retire
je perce des trou tire
la langue
j'attends que ça sorte

L'homme-merde (février 2015)

L'homme merde prend de ta place prend toute la place prend ta place
attends sa récompense aime les hourras adore les rosettes
L'homme merde te publie/t'expose/t'engage/veut te sauter te publie/t'expose/t'erngage/ne peut te sauter/t'oublie
L'homme merde te saute dit t'aimer te saute l'une après l'autre il saute tous ce qu'il trouve et toujours dit t'aimer
L'homme merde condescend à te voir créer plein de morgue pour ses merdes décervelées condescend le con
L'homme merde présent dès ta naissance une fille pas de chance la route sera longue
L'homme merde, rien à faire, ni décennies, ni lois, ni mentalités, l'homme merde ne progresse pas & patriarcat machoarcat couillarcat bitarcat il pense pouvoir te gouverner te protéger t'écraser et te sauter toujours
L'homme merde tant se répand qu'on croit parfois sentir soi-même la merde
L'homme merde réduit le grandiose enfonce dans ta bouche une cueillère sale et lèche la cuillère sale et mange la cuillère sale
Hommes merde de tous pays superunis , pouvoir, superpouvoir, corps à bosse et capes au vent.

Peupler (décembre 2014)

Le problème avec les corps organisés
Les corps renfermés
Le problème avec les corps embaumés
Les substances introduites
Les organes ambulants
C'est la difficulté à peupler

C'est si dangereux les êtres organisés
Les têtes adaptées

Dans l'intérêt des sages
Des légitimes
Des nécessaires
Interdire l'accès des vivants aux morts

Miracle (décembre 2013)

je n'écris pas une histoire mais une langue
je n'écris pas une situation mais une forme
je n'écris pas des personnages mais des langages
je n'ai pas besoin de sentiments d'anecdotes d'amour
je veux des puissances des mots ajustés des possessions des folies des guérisons
je veux des volumes pas des décors pas des déguisements pas des costumes
je me fous de la narration de la progression
je marche dans la boue je tombe à genoux je frappe au coeur
chaque mot est une découverte une horeur une solitude
deux mots sont un miracle
les recherches interrogent soulèvent le sujet l'écorchent.
l'écriture est une anatomie elle sort chaque organe le pèse soupèse dissèque
je passe des mois à remettre dans ce  corpsécartelé les organes étudiés je referme suture au fil de crin au fil rouge au fil noir, la peau de mon support ses poumons remplis d'eau et de pierres tant qu'il ne respire pas je ne respire plus nous supprimons l'air entre les mots
il n'y arien de plaisant à me lire rien de confortable rien de réconfortant
la langue s'essuie au regard humide luisante elle pénètre s'insinue si bien aiguisée qu'elle scarifie laisse trace devient trace

2 commentaires: