L'odieuse, la détestable manie de cet homme ! Encore une fois il venait lui parler de joie ! Est-ce qu'il y croyait vraiment ? Est-ce qu'il n'y avait pour lui que cela sur la terre ? Cette terre ravagée, incendiée mille fois par les hommes, comment y trouver un coin d'amour et de paix ? Il fallait être un salaud pour ce complaire à ces balivernes. Ou un fou bienheureux. Et pourtant Heykal n'était ni un salaud ni un fou. Il voulait amuser le peuple et lui apprendre à rire de ses tyrans. C'était facile à dire. Mais le peuple avait d'autres choses à apprendre. Taher pensa à toutes les choses qu'il devait encore lui apprendre, et l'immensité de sa tâche le rendit soudain malade de désespoir.
in
La violence et la dérision, p.159 ,
Albert Cossery , éditions Joëlle Losfeld
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