lundi 15 octobre 2012

arthur cravan, oeuvres

FADAISES

Tes cheveux sont un fleuve et j'en suis riverain.
Quand des peignes captifs, submergeant l'estacade,
Coulant l'éplorement d'une molle cascade,
Ils paraissent polir le roc dur de tes reins.

Frêle sachet de musc, d'ambre et de romarin
Ils versent sur ton front la fraîcheur d'une arcade,
Plus sinistrement noirs qu'une nuit d'embuscade,
Et je pars sur leurs flots, miraculeux marins.

Partir dans tes cheveux, aborder sur tes lèvres;
Flotter évanoui le long de tes yeux mièvres,
Dans un bateau de songe et sans se savoir où.

Mourir des violons aux doigts des virtuoses, 
Et sur la mer des seins jusqu'au golfe du cou
Faire tout en voguant d'exquis naufrages roses !

in premiers poëmes, p.19



Qu'ai-je à voir avec vos petites contradictions , - Le printemps, dans les branches... - Atlas syphilitique - Seigneur, Seigneur ai-je décliné ? et mes jours de nageur - hier à ton souvenir j'ai rêvé faiblement - le corset des roses - carcasse, diamants, pierres aux attraits sexuels - tabac de feuilles - Charente, tes branches et tes mousses - astre de l'Equateur - le passé à l'oeil noir - adolescent et adulte - l'ornithologie descriptive - organes, larves lumineuses - mon tronc - passé à l'oeil noir, avenir au plumage doré - hélas et hourrah ! - pétrifications - Je roule le souvenir de chaudières ruinées - ma panse de cheval - rappelle-toi de partir - or ou taureau, je técraserai, fatalité - mais où est le monument de mes vols, farces ? - l'art, la peinture m'a trahi - organes délicats de la femme - je repose mes jambes sur la mousse - Quel temps te faut-il (...) peinture, et que réclames-tu ? Désirs, vous m'avez laissé à moitié mort sur une chaise - possession - La paresse redoutable - je folâtre sur le gazon - reçois l'insulte d'un élu - le cristal de la lune - romance des lutteurs - le fruit d'une négresse - mes pieds resplendissants, leur splendeur - Modèle d'injustice - esprit de la ruse - trésor des cambrioleurs, des mondains - mille en un - pilier de la folie -

in notes, p.112



A MINA LOY

[Toms River, 20 juillet 1917.]
Ce vendredi.
Ma grande chérie,

Je suis encore un peu assommé et je ne comprends pas très bien si je suis tombé d'une étoile ou d'une branche. Dans ma nouvelle orbe je me sens comme un oignon dans un bocal. je cours, je mange, je nage et ça fait beaucoup de bien à la brute. Mais je dois dire que tu me manques... et beaucoup plus que tu ne l'imagines et ce ne sera qu'à cause de toi que je reviendrai lundi.
A bientôt, mes mignonnes. Mille fois mille baisers.
Arthur Cravan.

in correspondances, p.156


 Arthur Cravan, Oeuvres
poëmes, articles, lettres
éditions ivrea

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire