jeudi 13 octobre 2011

lire marie...

    Autoportrait, in Le Chant du Cygne, Marie L.


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le pire, c'est quand il n'y a rien. rien. plus rien du tout. pas même l'envie de penser à rien. le vide. la peur. la peur du vide. vide de peur parce que rien. rien, sourire, pleurer. se coudre, se découdre. reprendre. planter l'aiguille dans d'invisibles ornières. ornières de l'âme. mon dieu... que la nuit peut être vide. vide de vocabulaire. vide de possibles. s'exprimer, se taire. s'exprimer, ne rien dire. j'y reviens. coudre. planter son aiguille ici et là. obtenir une série de points. idée de logique dans une suite. logique, la suite. comme à l'école. lignes d'écritures. cette putain de comptine qui demande si l'on sait planter les choux... et moi qui plante dans la chair, dans ma chair, tellement crispée. depuis quelques temps, je m'attaque au visage. le visage, c'est pas pareil. c'est l'apparence. l'image qu'ils veulent bien y trouver, s'accaparer. dans la bouche, l'aiguille irradie. douleur homicide. on est dedans. oui, dedans la chair, dedans la vie.et le corps qui refuse, qui proteste, qui s'agite. ça bouge. ça bouge sans qu'il y ait d'impulsions. ça bouge parce que ça ne tient plus en place. tissu bourré de nerfs. de la viande pourrie. celle qui craque sous la dent. la pièce que le boucher isole, et solde pour l'animal de compagnie. moi, marie, animal de compagnie. j'accompagne moi-même. je suis seule. toute seule maintenant. sans le parasitage. sans la passion, la trahison. le sperme sur le corps. sans l'odeur de l'ammoniaque. sans l'épaisseur de l'autre corps. tout ça pour ça. foutaise. je te pisse à la gueule. mesquinerie. petitesse. profond dans ton cul. vulgaire.

in noli me tangere, la musardine, 2001, pp53/54, Marie L

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