vendredi 25 février 2011
anti-mythe...
inépuisable et toujours actuel, le sottisier d'oedipe. on nous dit que les pères moururent " tout au long des milliers d'années " ( tiens,tiens) et que l' " intériorisation " correspondante de l'image paternelle se produisit durant le paléolithique jusqu'au début du néolithique, " il y a 8000 ans environ ". on fait de l'histoire, ou on en fait pas.. mais vraiment, quant à la mort du père, la nouvelle ne va pas vite. on aurait tort d'embarquer nietzsche dans cette histoire-là. car nietzsche, ce n'est pas celui qui rumine la mort du père, et qui passe tout son paléolithique à l'intérioriser. au contraire : nietzsche est profondément las de toutes ces histoires faites autour de la mort du père, de la mort de dieu, et veut mettre un terme aux discours interminables à ce sujet, discours déjà à la mode en son temps hégélien. hélas, il se trompait, les discours ont continué. mais nietzsche voulait qu'on passe enfin aux choses sérieuses. de la mort de dieu, il donne douze ou treize versions, pour faire bonne mesure et qu'on en parle plus, pour rendre l'événement comique. et il explique que cet événement n'a strictement aucune importance, qu'il n'intéresse vraiment que le dernier pape : dieu mort ou pas mort, le père mort ou pas mort, ça revient au même, puisque la même répression et le même refoulement se poursuivent, ici au nom de dieu ou d'un père vivant, là au nom de l'homme ou du père mort intériorisé. nietzsche dit que l'important, ce n'est pas la nouvelle que dieu est mort, mais le temps qu'elle met à porter ses fruits. ici le psychanalyste redresse l'oreille, il croit s'y retrouver : c'est bien connu que l'inconscient met du temps à digérer une nouvelle, on peut même citer quelques textes de freud sur l'inconscient qui ignore le temps, et qui conserve ses objets comme une sépulture égyptienne. seulement, nietzsche ne veut pas dire du tout ça : il ne veut pas dire que la mort de dieu met longtemps à cheminer dans l'inconscient. il veut dire que ce qui met si longtemps à arriver à la conscience, c'est la nouvelle que la mort de dieu n'a aucune importance pour l'inconscient. les fruits de la nouvelle, ce ne sont pas les conséquences de la mort de dieu, mais cette autre nouvelle que la mort de dieu n'a aucune conséquence. en d'autres termes, que dieu, que le père n'ont jamais existé ( ou alors, il y a si longtemps, durant le paléolithique peut-être... ). on n'a tué qu'un mort, de tout temps. les fruits de la nouvelle de la mort de dieu suppriment la fleur de mort autant que le bourgeon de vie. car, vif ou mort, c'est seulement une question de croyance, on ne sort pas de l'élément de la croyance. l'annonce du père mort constitue une dernière croyance, " la croyance à la vertu de l'incroyance " dont nietzsche dit : " cette violence manifeste toujours le besoin d'une croyance, d'un soutien, d'une structure... " oedipe-structure.
in l'anti-oedipe ( capitalisme et schizophrénie 1) extrait du chapitre 2: psychanalyse et familialisme: la sainte famille (minuit, pp 126/127)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire