je perçois beaucoup et comprends peu
je crains le silence des espaces infinis, même s'il n'est pas silencieux, ni eux infinis
je ne veux pas donner de style à ce qui ne peut avoir d'allure
je préfère l'arrière-train à l'avant-garde
j'aime la caméra obscure et le théâtre d'ombres
je retrouve l'existence de la nuit dans des venelles désenchantées
je pense ma vie pour vivre ma pensée
je bois par désir de dissolution
je regarde l'écran avant de regarder la tv
je recherche l'épouvante derrière de simples masques
je reporte toujours à après-demain ce qui peut être demain fait
j'aime à errer ivre et seul, le long des rues transies les nuits désertes
j'apprécie qu'on me touche ici, mais pas là
je hais le bon sens
je lis des livres comme on devrait manger des fruits: plusieurs fois par jour
je chéris les anges quand ils sont sales
je ne vaux rien, ce qui ne me coûte pas
je connais, à la manière de F., un prince dont la folie précoce consiste à se croire prince
j'espère avoir le courage des oiseaux, qui chantent dans le vent glacé
j'imagine le grand tournant de l'Histoire comme un virage en épingle
j'aspire à l'épuisement
je sais l'origine de la tragédie: le sacrifice du bouc - tragos en grec
j'adore quand un plan se déroule sans accroc
je suis en proie à la risible folie
je ne fume plus, et fume encore
je ne trouve pas le sommeil
j'estime l'ennui
je me désespère de la crasse bêtise
je suis mort hier, en épectase, pour le moins
je vous emmerde
ad nauseam
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