samedi 30 janvier 2016

FEUX A VOLONTE

 L'être humain est une superposition de cercles vicieux. Le grand secret, c'est qu'ils tournent bien d'eux-mêmes. Mais les centres de ces cercles sont eux-mêmes sur un cercle; l'homme sort du dernier pour rentrer dans le premier. Cette révolution n'échappe pas aux yeux des sages; eux seuls échappent au tourbillon, et en le quittant le contemplent - Harmonie des sphères, cosmique des coeurs, astres-dieux de la pensée, brûlants systèmes forgés de chair en chair, car toute souffrance est l'abandon d'une chair, qu'elle soit rouge de sang, orangée de rêve ou jaune de méditation; les astrolabes perce-coeur chauffés à blanc, loin des pièges à bascule, sous les escaliers du démon, et l'air vif du large qui déjà s'épaissit en boue. La trajectoire réelle de l'acier céleste à travers la gorge pendant que les hommes d'en bas s'exercent à éternuer - car on voit tout de là-haut, et tout est vrai de plus de mille façons, mais toutes ces façons ne valent que réunies, bloc-un-tout, dieu blanc-noir, zèbre céleste et plus rapide... oh ! dites-moi, les sauvages n'ont-ils jamais élevé dans la forêt vierge la monstrueuse statue du Zèbre-dieu ? Dieu de toutes les contradictions résolues entre quatre lèvres:  et ce n'est même plus la peine, l'élan est donné et le monde croule, et la lumière n'a pas besoin de prismes pour se disperser, et tout le réel changeant immuable - choc des mots, folie inévitable des discours humains, choc-colère cahotant ses cris, ses faux espoirs - escroquerie de Prométhée, qu'il est beau, qu'il est beau !  Prométhée, victoire pantelante soumise aux langues de feu, avec la couronne tourbillonnante des soleils, les petits alliés des hommes... MAIS LES GRANDS ANTI-SOLEILS NOIRS, PUITS DE VERITE DANS LA TRAME ESSENTIELLE, DANS LE VOILE GRIS DU CIEL COURBE VONT ET VIENNENT ET S'ASPIRENT L'UN L'AUTRE. ET LES HOMMES LES NOMMENT ABSENCES. Qui leur apprendra ce qu'est l'être, et qu'ils ne font que penser le non-être à leur mesure ? Soumis aux langues de feu, tournez votre visage vers les flammes, vers le baiser divin qui vous arrachera les dents d'un seul coup.
1928


in Le Contre-Ciel suivi de Les dernières paroles du poëte (Poësie/Gallimard) pp.89/90
René Daumal

Perspective...

... et dans l'errance ton ennui et dans l'errance le cobaye et dans l'errance cet aveugle ainsi... merdre... savoir lui perte amène. Itération merde(s) gueules au ralenti... Il sait lui puissance même... Sélection par-derrière flagrance zone. Scarifications ligatures par-delà cette ombre. D'espace espèces bien après les nuits. Méthédrine ailleurs arbore sourire au burin canine(s). Sa caresse évasive... parmi l'égarement, oracle en italique, à la nuit intense...

dimanche 24 janvier 2016

Maligne

Savoir toi, à l'ailleurs
Qui navigue
Perte de vue
Ainsi
Crépusculaire
En bandoulière,
Merdre intime puis,
Ignorance
Cette errance:
Terre
Insigne
Par ici atmosphère
Inhérence ce vice
Encor
A l'horizon
Des événements indignes
Dignes d'hécatombe(s) ainsi
Tesseract
Objet - loin du soleil
A l'immanence infâme puis
Partout icelle
Qui s'égare
Obsolescence instinctuelle
Je te sais
Quand tu t'ignores
Manière d'abandon
Maligne
A l'oraison
Destructrice
A l'ailleurs, même tant...





vendredi 22 janvier 2016

Degré Noir

Irrecevable au seuil d'un sexe de poupée
se dévalue l'obole ou dent tombée: je
gravis le degré noir , elle bée, j'érige rien
tel doigt dur d'injure et verse haut le bol
d'urine et de jus d'os dans le goulot subtil
de l'antre rose et sur l'escarpement des cils
puis je dévale ses plis puants de femme
aux limons adossée par le blanc déferlant
de mes silos pulvérisés sur le trop pur
lac de sa face et je macule et je crie noir
sur les murs de ce bagne de neige et je la
baise et je la baigne de cela par seul amour
d'elle ci-dessous, pâmée vasque s'ouvrant,
nue matinale aimant la manne du mendiant.


extrait de Erosions suivi de Degré Noir, p.265, in Une Inquiétude (Flammarion), Cédric Demangeot

Crépuscule...

Alone errance après la stase. Sol dissous merdre terre. Froidure ainsi images métaphores... Itération  par-delà nuit, tremplin labial même. Te voir, ainsi pierre suggère une fiction... Stable contestable caprice. Lointain le sommeil et ses affres, aqueuses. Fantaisie repère ailleurs ici cette ombre même. Traces sillons énergumènes. Encor inconnu, infimes interstices. A ces nuits délivrance intime. Marécage à l'encan après la zone libre. Je serai là, et même après la fin, à l'errement suspect, aérolithe vain à trajectoire lasse. Crépuscule fission crime élément(s).

vendredi 15 janvier 2016

Twenty years before...



confer: Chiapas, la drôle de révolution des zapatistes, Charlie Hebdo, hors-série n°4 (mars 1996)

lundi 11 janvier 2016

des spasmes...

Finir hier encor
Comme autre ce malheur
Dissonances civiles
Et corps électriques
Cerveaux discrédit ici
Ou même loin...
Abattue brise caprice
Attendre merdre
Volupté de l'errance
Sexuelle fissile
Mélancolie
A la gorge argentine
Pour rien cet élan
Sous la lumière triste
D'occident en estime
Toujours le sable plisse
Visions d'ailleurs
Cauchemardesques
Tension éphémère scansion
Comique
Notre monde
Cosmique
Odeur de chasteté
Inédite
Doux élan hémisphère
Axillaire poil  hier
Tuer les membres
De tous les cercles
Et perdre ainsi
Ce trouble qui envenime
Aux ignorants les mains lasses
Passée l'heure
Un luxe éphémère
Occultes merdres
& influences lentes
Latence même
A l'haleine perte
Poitrine une offerte
Perfide
Mobile non après la terre
Lits imaginent érosion
Egoïste façon
La nuit après la nuit
Malveillant horizon
Que j'aime en abandon
Ivrogne
Ignorant là l'interstice
Badine
En quelque terrain vague
Interdit.





dimanche 10 janvier 2016

America



Amérique je t'ai tout donné et maintenant je ne suis rien.
Amérique deux dollars et vingt-sept cents le 17 janvier 1956.
je ne peux pas supporter mon propre esprit.
Amérique quand finirons-nous la guerre humaine ?
Va te faire foutre avec ta bombe atomique.
Je me sens mal fous moi la paix.
Je n'écrirai pas mon poème avant que d'avoir toute ma raison.
Amérique quand seras-tu angélique ?
Quand te déshabilleras-tu ?
Quand te regarderas-tu à travers la tombe ?
Quand seras-tu digne de tes millions de Troksystes ?
Amérique pourquoi tes bibliothèques sont-elles pleines de larmes ?
Amérique quand enverras-tu tes oeufs aux Indes ?
Je suis malade de tes exigences insensées.
Quand pourrai-je aller au supermarché et acheter ce dont j'ai besoin sur ma bonne mine ?
Après tout, Amérique, c'est toi et moi qui sommes parfaits pas le monde futur.
Ta machinerie est trop pour moi.
Tu m'as donné l'envie d'être un saint.
Il doit exister une autre façon de régler cette querelle.
Burroughs est à Tanger je crois qu'il ne reviendra pas c'est sinistre.
Es-tu sinistre ou est-ce là quelqu'autre mauvais tour ?
J'essaie d'en venir au fait.
Je refuse d'abandonner mon obsession.
Amérique arrête de pousser je sais ce que je fais.
Amérique les fleurs des pruniers tombent.
Je n'ai pas lu les journaux depuis des mois, tous les jours on juge quelqu'un pour meurtre.
Amérique je me sens sentimental envers les Wooblies.
Amérique étant môme j'étais communistes je n'en suis pas désolé.
Je fume de la marijuana chaque fois que je peux
Je reste assis chez moi à longueur de journées et fixe les roses dans l'armoire.
Quand je vais à Chinatown je me saoûle et ne baise jamais.
Ma décision est prise va y avoir du grabuge.
Tu aurais dû me voir lisant Marx.
mon psychanalyste pense que je vais parfaitement bien.
Je ne dirai pas le Notre Père.
J'ai des visions mystiques des vibrations cosmiques.
Amérique je ne t'ai toujours pas dit ce que tu as fait à l'oncle Max après son arrivée de Russie.

Je te parle.
Vas-tu laisser Time Magazine diriger ta vie émotionnelle ?
Je suis obsédé par Time Magazine.
Je le lis chaque semaine.
Sa couverture me fixe chaque fois que je me faufile devant le magasin du coin.
Je le lis dans le sous-sol de la Bibliothèque Municipale de Berkeley.
Ca me cause toujours de responsabilité. Les hommes d'affaires sont sérieux. Les producteurs  de films sont sérieux. tout le monde sérieux sauf moi.
L'idée me vient que je suis l'Amérique.
Me voilà encore qui me parle à moi-même.

L'Asie se soulève contre moi.
Je n'ai pas l'ombre d'une chance de Chinois.
J'aurais intérêt à considérer mes ressources nationales.
Mes ressources nationales consistent en deux joints de marijuana des millions de testicules une littérature privée impubliable qui fonce à 1400 miles à l'heure et vingt-cinq mille asiles d'aliénés.
Je ne dis rien de mes prisons ni des millions de sous-privilégiés qui vivent dans mes pots de fleurs sous la lumière de cinq cents soleils.
J'ai aboli les bordels de France, Tanger est le prochain sur ma liste.
Mon ambition c'est d'être président en dépit du fait que je sois catholique.
Amérique comment puis-je écrire une ode sacrée dans ton humeur nigaude ?
Je continuerai comme Henry Ford mes strophes sont aussi personnelles que ses automobiles plus même toutes sont de sexe différent.
Amérique je te vendrai des strophes 2500$ pièce 500$ de reprise sur ta vieille strophe
Amérique libère Tom Mooney
Amérique sauve les Loyalistes Espagnols
Amérique Sacco et Vanzetti ne doivent pas mourir.
Amérique je suis les Scottsboro Boys.
Amérique à sept ans mamma m'emmena a des réunions de cellules communistes ils nous vendirent des garbanzos une main pleine le ticket un ticket coûtait un nickel et les discours étaient gratuits tout le monde était angélique et sentimental à l'égard des travailleurs tout cela était si sincère tu n'as pas idée quele bonne chose c'était le parti en 1835 Scoot Nearing était un grand vieux bonhomme un vrai mensch Mère Bloor m'a fait chialer une fois j'ai vu Israel Amter de mes yeux. Ca devait tous être des espions.
Amérique tu ne veux pas vraiment aller à la guerre.
Amérique c'est ces méchants russes.
Ces russes ces russes et ces chinois là. Et ces sales russes.
La Russia elle veut nous bouffer vivants. la Russia elle ivre de puissance. Elle veut choper nos voitures dans nos garages.
Elle vouloir prendre Chicago. Elle avoir besoin d'un Reader's Digest Rouge. Elle vouloir nos usines d'autos en Sibérie. Lui grosse bureaucratie gérant nos stations-service.
Ca pas bon. Ugh. Lui forcer Indiens apprendre à lire. Lui besoin grands nègres noirs. Hah. Elle nous faire bosser seize heures par jour. Au secours.
Amérique ceci est très sérieux.
Amérique c'est l'impression que j'ai en regardant dans le poste de télévision.
Amérique est-ce correct ?


J'aurais intérêt à me mettre tout de suite au boulot.
C'est vrai je ne veux pas m'engager à l'armée ou tourner le tour en usine de pièces de précision, je suis myope et psychopathe de toute façon.
Amérique je mets ma foutue main à la pâte.



America, poëme de Allen Ginsberg (1956), traduit de l'américain par Robert Corbier & Jean-Jacques Lebel, extrait de Howl & other poems, Christian Bourgois éditeur, pp.50/57

confer: question de traduction, éclairage intéressant de Pascale Cormier, quant à l'ultime vers du poëme...

La lumière de l'ombre


Le vent est une masse besogneuse
qui bégaie la franchise des ombres 
hallucinées
la lumière dedans a vacillé
sur ma peau


texte & photographie: Brigitte Giraud

Poem by my ass



Poëme De mon Cul (réalisé en m'asseyant à poil sur le clavier de la machine à écrire...)

9hfdsal ;
iijkvb.xcaa
dsofjido
zxasdl ;  x

Paréidolie

En quelle minute vivons-nous, après le temps ?
S'en foutre...
Retrouvée quoi ? L'éternité
Pas même.
L'innocence feinte
L'artifice quitte
Etre est cette querelle être est cette querelle être est cette querelle
Encor...
Inconnu cet horizon
Malin génie merdre
Singulière scansion
Après belvédère(s)
Paréidolie
Par-delà cette bonde,
Ivresse
Et l'avalanche
Fulgurent
Pour quelque raison obscure...
Un songe humain/événement
A corrompre, enfin.



mercredi 6 janvier 2016

Nuire.

Attendre.
Rien va.
Comprendre non.
Eminence, pourpre...
Ignorance merdre.
Savoir la nuit,
cette ombre étale.
Lové l'élan
en sombre orbite...
Ecarlate horizon
à la lune, blême.
Rousse à l'abandon...
Désordre mouvement
fièvre à l'hémisphère...
Iliaque errance
telle décadence
en ce nébuleux néant.
A l'aine élixir encor...
Savoir la nuit,
Iconoclaste tension.
Complice l'errement
à cette inattention.
Fissile interdit.
Saccade, ainsi.









dimanche 3 janvier 2016

Appel à la désertion...


         Il n'y a pas de pensée spécifiquement féminine, il n'y a ici ou là que des êtres se sentant obligés d'enfreindre les limites qu'on leur a assignées. Que ces êtres soient des femmes ne change rien à l'affaire. Suffit-il que celles-ci aient été toujours tenues à l'écart, pour qu'elles se reconnaissent aujourd'hui dans cet écart ? Le paysage où nous avançons ne s'enrichit que de nos départs. Tout étant en place pour que nous restions en place, nos chances de parcours se confondent avec les ponts que nous jetons au-delà de nous-mêmes. Notre seul espoir d'en finir avec la vie telle qu'elle est caricaturalement, réside dans cette détermination de forcer les perspectives jusqu'à ce que surgisse l'horizon symbolique, se déployant entre les ombres croisées des mots et des choses, de la chair et du langage mais aussi du masculin et du féminin. Voilà assez longtemps que nous vivons à côté de nous-mêmes pour ne pas suspecter tout ce qui, en son principe, sépare. C'est autant un problème politique que poëtique, tout entier posé dans cet apologue zen, fort connu : Kikakou ayant dit: " Une libellule rouge - arrachez-lui les ailes - un piment", Bashô y substitua: "Un piment -mettez-lui des ailes - une libellule rouge." Et c'est pourquoi je m'inquiète de ce que, se découvrant mutilée, la parole féminine ait dû se faire mutilante.

  extrait de Vagit-prop, lâchez-tout, et autres textes, pp.46/47, Annie Le Brun, Ramsay/J.J. Pauvert